Le bol, récipient généralement de forme cylindro-conique, tourne à grande vitesse. Sous l’action de l’accélération centrifuge, les globules gras se dirigent vers l’axe de rotation et sont entrainés avec une petite quantité de lait vers la sortie de crème ; le lait séparé des globules gras, plus lourd, se dirige vers la périphérie du bol d’où il est entrainé vers la sortie du lait écrémé. L’écrémage est facilité par la répartition du lait en couches minces à l’intérieur du bol grâce à la présence d’un empilement de plateaux ou assiettes tronconiques, solidaires de l’axe de rotation et dentelés à leur base. La teneur en matière grasse de la crème est réglée en laissant dans celle-ci une quantité de lait écrémé plus ou moins importante. L’écrémage centrifuge provoque une épuration du lait en entrainant les impuretés lourdes sur les parois du bol où elles forment les « boues » d’écrémeuse.
Comment un pays de tradition agricole comme le nôtre aurait-il pu échapper à cette image ? Le bol scolaire, le lait humain, la ronde sociale, la crème des élèves, la boue des caïds,… Qu’on écrème plus ou moins large, on écrème.
En attendant qu’une autre image nous porte… Dans certaines écoles, que d’aucuns qualifient de bonnes, on peut faire de bonnes études qui ouvrent toutes les portes du supérieur et on peut rester protégé de fréquentations risquées. Dans d’autres, que certains jugent moins bonnes, on trouve des publics mixtes, des filières variées et on peut y faire de bonnes études aussi mais sans être sûr d’être protégé. Dans les dernières, écoles ghetto ou en voie de ghettoïsation même si – parce que (biffez la mention inutile) elles sont discriminées positivement, on s’occupe d’élèves issus de milieux défavorisés, précarisés, paupérisés,… Des pauvres quoi ! Que certains confondent, à tort, avec des immigrés.
En attendant une autre image porteuse pour notre système scolaire… Que faire dans ces écoles pour pauvres ? Y a-t-il des pédagogies particulières ? Faut-il sacrifier les savoirs pour faire de l’intégration sociale ? Faut-il s’accrocher aux savoirs et aux apprentissages disciplinaires ?
Il y a des enseignants qui savent que la question du rapport au savoir est aussi importante que celle des savoirs. Mais la prise de conscience ne règle pas le problème. Alors ils bricolent, non comme des bricoleurs mais comme des professionnels. Ils tentent d’amener leurs élèves, non sans détours et sans efforts, à des apprentissages qui mènent à des savoirs constitués, ceux-là même qu’on fait atteindre à moindre cout humain dans les « bonnes » écoles.