167 Editorial

Vous n’avez d’autre choix que de demeurer dans le lieu où vous êtes ou de le quitter pour en rejoindre un autre. Vous êtes toujours quelque part même quand vous n’avez pas l’intention d’y rester. Las de mouvements, vous posez vos habits là où vous décidez d’habiter car le corps est une belle mécanique qui a besoin de repos et d’habitudes.

Entre ceux, bien lotis, qui s’installent en propriétaires d’un lieu sur quelques centaines de mètres carrés de surface, quelques mètres de profondeur (le sous-sol n’est à personne) quelques mètres de haut (le ciel est à tout le monde, surtout aux pollueurs), et ceux qui squattent quelques mètres carrés de pavés, il y a plusieurs gammes de domiciles liés à la région, aux revenus de l’occupant et à son statut social, à l’imagination de l’architecte, …

D’aucuns sont habités par un espace, les objets qui le composent et les fantômes qui s’y promènent tandis que d’autres donnent corps à la place qu’ils occupent et apportent une âme aux endroits qu’ils transforment.

Dans nos contrées, un passage obligé du mouvement de la vie, c’est l’école … Un lieu public, ce qui veut dire collectivement partagé et n’appartenant à personne précisément (quelqu’un sait-il ce qu’est un P.O., comment il est composé et quelles sont ses prérogatives ?). Un gros bâtiment plus ou moins laid, entretenu ou à moitié délabré. Qui ne se souvient de la cour prison, du réfectoire monastère, du préau caserne, des chiottes de merde, de la classe entonnoir ? La classe ! Celle de sciences d’où émanent les gaz de l’expérience ratée, celle de math qui pue la transpiration du prof, celle de géographie où on regarde un film en bâillant, celle de langues dont les haut-parleurs martèlent « Mijn vader heeft een zuster »,…

Il y a des locaux mal foutus, bruyants, trop petits, sales, impersonnels. Mais il en est d’autres qui sont habités par un groupe d’élèves, leur enthousiasme, leurs colères, leurs photos. Et certains locaux sont habités par un prof ou une branche, une certaine ambiance, une organisation particulière de l’espace.
Ce numéro fait un petit tour -non exhaustif- de l’habitat scolaire. Vivre c’est habiter [1] Vivre c’est habiter !

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Vivre c’est habiter