« Transformer la société par l’éducation », ainsi s’intitule le nouveau livre du GBEN, édité à l’occasion de ses trente ans, par le CARHOP. Les interviews de plusieurs membres de ce groupe ainsi que leurs archives contribuent à retracer son histoire.
À un moment où naissent de nouvelles écoles souvent dites à « pédagogies actives », ce livre vient bien à point. D’une part parce qu’il rappelle l’ancrage du GBEN dans une histoire qui remonte au début du 19e siècle. D’autre part, parce que le lien entre éducation et choix de société est toujours présent, ce qui ne va pas de soi lorsqu’il est question de « pédagogies actives »
Pour le GBEN, le choix est clair. La coopération prime et l’épanouissement personnel en est un des effets. Cela se traduit dans des propositions de pratiques concrètes. Un des fers de lance est « l’objection de conscience à la note ». Concept lancé, dès 1978, par Charles Pepinster, fondateur du GBEN, porté par ses membres et soutenu par le généticien Albert Jacquard : « La compétition c’est la destruction de l’autre (…) elle n’engendre que des battus. Il faut lui préférer la coopération. »
Dans les années 90, le même Charles fonde « La Maison des Enfants » à Buzet, « la seule école où on ne mesure pas. » Photos et récits nous en disent des pans de vécu, avec entre autres Jean-François Manil. Un peu plus tard, une autre école se vit selon les mêmes valeurs et options, à Saint-Gérard, avec Léonard Guillaume. Et si on ne mesure ni ne note dans ces écoles, on y pratique pourtant des évaluations, mais toujours en perspective de réussites et de choix faits par et avec les enfants.
Dans cet esprit, un autre fer de lance est la réalisation des chefs d’œuvre pédagogiques, en fin de 6e primaire, à la place d’examens. Le livre nous en relate les modalités de mise en œuvre. C’est aussi sous l’impulsion du GBEN qu’ils seront pratiqués et reconnus dans les collectifs d’alphabétisation d’adultes.
Au-delà des idées et pratiques pour les classes, l’ouvrage présente les diverses formules de formation organisées pour les enseignants, par le GBEN en lien avec l’intermouvement pédagogique (Éducation Populaire, CGé) ou indépendamment.
Dans les années 2000, le GBEN s’ouvre à l’extra scolaire, à l’Éducation Permanente, aux publics adultes et renforce son action à l’étranger. Il se rattache au réseau « Culture et Développement » qui prône la pédagogie de Paolo Freire. Les motifs de ces liens nous sont expliqués. Nous prenons aussi connaissance de l’activité internationale du GBEN, en Bulgarie (1991), puis au Rwanda, en Bolivie (en lien avec Pascal Montoisy), au Mexique, au Salvador, au Nicaragua, aussi avec Éducateurs sans Frontières et Gabriel Cohn-Bendit.
Une bonne moitié du livre présente les récits des acteurs du GBEN, récits qui détaillent de façon vivante et concrète, les facettes diverses évoquées ci-dessus et leur histoire. Ils nous rappellent qui sont les pionniers du GBEN et qui continue à mettre ses valeurs et ses pratiques en œuvre.
"Transformer la société par l’éducation - Trente ans de réflexions et d’actions du GBEN », Les carnets du CARHOP, 2017