En formation initiale et continuée des enseignants, la position pédagogique et politique de Véronique est très difficilement acceptée. Deux éléments choquent profondément : la catégorisation et la priorité de l’attention.
Bobos et populos, surtout dits comme cela, ça fait stéréotypes. Et cela peut l’être évidemment. C’est toute la différence entre les représentations sociales implicites et reçues et les catégories sociologiques explicites et construites. Les premières enferment. Les secondes sont conçues pour émanciper. Bourdieu dit que les positions sociales et les conditions de vie ont un impact sur les rapports au savoir et qu’il est indispensable que l’enseignant en tienne compte. Le « populo » renvoie ici aux classes populaires et à leurs rapports au savoir étudiés par Lahire, Rochex, Bautier, Bonnéry...
L’enseignant doit donc tenir une position, à la fois éthique et pragmatique, qui est de connaitre et tenir compte des déterminismes sociologiques pour agir, de se servir des catégories pour prévoir ses activités et de reconnaitre la singularité de chaque enfant et, tout en prévoyant ses réactions, de toujours accepter d’être surpris.
Donner la priorité aux populos choque aussi, ça fait injuste, un enseignant doit donner la même chose à tout le monde. Sans en appeler à la nécessité de différencier, ce qui est fait ici en scindant la classe en deux, ne peut-on accepter au moins qu’on puisse donner plus à ceux qui ont moins reçu, que la justice n’est pas nécessairement distributive. Et affirmer également que partir des difficultés d’apprentissage des populos et leur donner la priorité, ce n’est pas préjudiciable aux bobos, que c’est même favorable à tous.