Dans un cours d’histoire en formation initiale, répondre à la question en référence au programme – comment mettre en situation la construction de la notion de civilisation – oblige à travailler ce concept d’abord pour soi-même. Qu’est-ce qu’une civilisation ? Qu’y a-t-il de commun entre les civilisations, quelles que soient leur époque, leur durée et leur aire d’expansion ?
Démarche inductive classique : prenons plusieurs exemples qui ont été travaillés et essayons d’en abstraire les grandes caractéristiques. Nous verrons ensuite si nous pouvons appliquer ces caractères communs à tout nouvel exemple, autrement dit si notre concept ainsi construit est pertinent ou s’il faut l’affiner, le compléter, le préciser.
Une autre démarche inductive consiste à se poser la question : comment connaissons-nous les civilisations ? Qu’est-ce qui nous permet d’avoir connaissance des civilisations du passé ? Réponse : les sources écrites et les sources monumentales retrouvées et décryptées, of course !
À partir de cette évidence, petit couplet épistémologico-philosophique.
Pour les civilisations très anciennes, où les hommes n’écrivaient pas ou dont les écrits sont restés longtemps ou restent encore indéchiffrés, comme les civilisations égyptienne, celtique, étrusque, pré-colombienne, la découverte de nombreuses nécropoles parées de fresques et pourvues d’un abondant mobilier funéraire a été une véritable aubaine[1]Même quand seules des tombes de princes et autres nobles sont ainsi pourvues, elles témoignent dans la décoration d’autres classes sociales en activité..
Pourtant cette aubaine de tant d’archéologues et d’historiens n’aurait pas eu lieu sans la croyance de ces peuples en une vie dans l’au-delà, sans leur volonté de rassembler autour du défunt tout ce qui pouvait lui permettre de faire le passage et de continuer à vivre ailleurs.
Sans ce culte des morts qu’on trouve dans toutes les civilisations, nous n’aurions pas eu ou fort peu connaissance de bien des peuples guerriers, orfèvres, agriculteurs, artisans, commerçants…
Depuis tous ces siècles, les croyances ont changé ; le culte des morts est devenu plus privé ; la croyance dans l’au-delà, quand elle existe encore, s’exprime autrement, sans plus cette symbolique d’une autre vie préservée grâce à des objets de prestige et de la vie quotidienne.
Ce constat amène une idée de mise en situation.
Consignes pour les 2 premières heures :
Des questions ont surgi :
Depuis quand y a-t-il une civilisation occidentale européenne ? Qu’est-ce qui, spécifiquement, différentie la civilisation européenne de la civilisation américaine ? Qu’est-ce qui prime dans une civilisation : sa technologie ou sa pensée ? Qu’est-ce qui crée une civilisation et qu’est-ce qui la fait disparaitre ? …
La séquence est adaptable à une 3e secondaire et a été mise en œuvre au cours d’un stage. Elle est évidemment à diversifier et à gérer avec les plus grandes précautions dans une classe aux multiples nationalités. Elle conduit à s’abstenir dans des groupes aux cultures conflictuelles aujourd’hui.
Notes de bas de page
↑1 | Même quand seules des tombes de princes et autres nobles sont ainsi pourvues, elles témoignent dans la décoration d’autres classes sociales en activité. |
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↑2 | Dans le groupe où ceci a été testé, 2 étudiants issus de l’immigration ont beaucoup investi les échanges et ont très vite amené la notion d’acculturation. |
↑3 | Cfr. l’article « civilisation » dans Encyclopedia Universalis, 2002. |