Le temps ne suspend jamais son vol et, en fin de weekend, son implacabilité se fait plus contraignante.
Nous arrivons à la dernière étape : comment conceptualiser, mettre en commun les réflexions sur la rigueur ? Rassembler les notions construites au fil des étapes, en faire un tableau, clair qui plus est, pour permettre l’analyse de sa pratique, devenir un outil efficace ?
Dans notre sous-groupe, une tension se fait vive et palpable entre la consigne et ce que nous en avons fait. La forme et le fond de chaque travail individuel sont en adéquation avec chacun, chacune, mais la liberté, la créativité, l’interprétation en ont éloigné les possibilités de mise en commun.
Angoisse, trou.
Comment faire synthèse entre les différentes formes de pensée, d’expression, de conception ? L’objectif d’aboutir peut-il rejoindre la production de quelque chose de publiable, dans lequel chacun se retrouve ? Comment dépasser ce qui parait indépassable ? Rendre compte de ce qui est en train de se passer !
Plusieurs propositions émergent essayant de traduire l’originalité de notre démarche : assumer ce moment de tension, le trouver plus intéressant que la mollesse d’une glace-Ikea qui se dépose lentement sur son cornet.
Faire flèche
Moment-clé : le garant du cadre sent et formule qu’il doit lâcher, avec comme intuition que le processus est plus important que le résultat. Quelque chose s’assouplit. « Et si on se faisait confiance », emporte nos résistances. Le trou doit faire partie de notre affiche. C’est évident !
C’est la place pour le silence, l’imprévu, l’inattendu, le non encore construit. Le cadre, ce sont les valeurs. Les valeurs sont le cadre. L’envie de flèches se concrétise joyeusement. Elles montrent la tension, parfois haute, réversible entre des opposés : concret/abstrait, errance/efficacité, produit fini/processus, individuel/collectif. La 3D s’invite, sous forme de brindilles, symbolisant le bourgeon, le nœud, la possibilité de faire flèche de tout bois. L’arc en tension permet à la flèche d’aller loin, d’atteindre son but.
L’ambiance et les détails nous permettent l’ajustement, l’exploration rigoureuse, le cheminement, la traversée du masque (c’est l’image qui apparait sur la photo ci-contre). La structure en est née.
Au final, d’une incompétence apparente est née une compétence particulière : démasquer un tableau là où il semblait n’y avoir que des trous infranchissables.