Et vlan ! Un TRACeS spécial sur le Pacte ! Où est donc passé mon bon vieux TRACeS qui me parlait de ce qui se passait dans les classes, qui m’ouvrait des perspectives pour agir et m’aidait à ré échir sur mes pratiques ? Y aurait-il eu un putsch éditorial, une dérive technocratique?
Rien de tout cela. Si on se permet de vous balancer toutes ces pages de politique de l’enseignement, c’est parce que tout ce qui s’y passe, là, risque bien de transformer ce qui se passe dans les classes, d’ouvrir des perspectives pour agir et d’aider à ré échir sur les pratiques… Et parce que tout cela se fait au nom de la réduction des inégalités.
Qu’allait donc faire CGé, dans cette galère ? L’emmerdeur, l’empêcheur de penser en rond, le porte-parole des p’tits qu’on spotche et de ce qui se passe vraiment dans les classes.
Ce numéro fait le bilan, à une étape cruciale du Pacte : juste avant l’arbitrage par le gouvernement de ce qu’il y a lieu de prioriser… ou de jeter aux oubliettes pour hérésie ou budgétite aigüe. Ce numéro fait le bilan, en avril 2016, pour marquer le fait qu’à
cette date, tout est encore possible, le pire comme le meilleur. Les rapports intermédiaires des Groupes de Travail ont ouvert des voies vers des changements que nous désespérions presque de voir écrits un jour dans des textes o ciels. Écrits… pas décidés, phasés, budgétisés et mis en œuvre. Juste écrits.
Alors un (beau ?) projet de plus qui se diluera dans le marais des bonnes intentions pilotées par les lobbys néolibéraux, retour brutal à la réalité et bombardement d’oukases gouvernementales? Peut-être.
Et on dira qu’on aurait dû s’en douter, qu’avec un nom qui fait référence à un « enseignement d’excellence », on aurait dû voir venir le lobby du management qualité qui sème du burnout sur les lieux de travail et renvoie le travailleur en servitude, le lobby des « exigeants » qui cherchent surtout à garantir l’« entre soi », dans les écoles pour classes dominantes. On les a vus, ils étaient là, bien là, ancrés jusqu’au cœur du cabinet de la ministre.
Mais, il y avait aussi le mot « Pacte ». Beaucoup d’acteurs ont joué un jeu ouvert. Pour faire un Pacte, il faut être plusieurs
et, il faut qu’il y ait désaccord au départ, sinon c’est un petit arrangement entre amis. Pour faire un Pacte quand on n’est pas d’accord au départ, il faut un processus de négociation, des lieux de débats, des échanges d’arguments et d’idées, sinon c’est juste un constat sur l’état des rapports de force en présence. Pour que le processus fonctionne, il faut que les acteurs convoqués fassent preuve d’ouverture et d’écoute, sinon c’est une foire d’empoigne. Et tout ça, jusqu’à présent, on l’a eu.
Évidemment, tant qu’on parle, qu’on discute et qu’on écrit des projets et des rapports, ça ne mange pas de pain… Le pouvoir peut rester au balcon et demain, faire le contraire, en trouvant dans ces mêmes rapports les arguments pour se justi er.
Mais de toute façon, quand on aura ni de trainer dans les travées du pouvoir, on retournera dans les classes. Parce que c’est là que le changement se fera ou ne se fera pas. De toute façon.
Comme vous le lirez, rien n’est fait. Comme vous le lirez aussi,
ça n’a pas servi à rien. Et même si ça devait s’arrêter là, ce qui
est excellent, c’est d’avoir replacé le débat sur la question des inégalités produites et reproduites par le système scolaire.