Un weekend d’écriture sur l’éthique, ça pourrait tourner à prendre des positions morales de principe sur l’enseignement. Ça ne mange pas de pain, mais ça ne fait pas avancer le schmilblick. Entre la posture maternante et les réflexes humanistes, nous sommes prompts à dégainer le couteau suisse de nos bonnes intentions, et plus encore, des mauvaises intentions des « autres ». Comme s’il ne s’agissait de rien d’autre que d’une lutte du bien contre le mal. La question de l’éthique pourrait très bien se contenter de ne rien dire de notre engagement et nous renvoyer simplement à notre indignation.
Ce serait mal connaitre TRACeS que de croire qu’on allait se laisser bercer par la commodité de la polysémie du concept. Un weekend pour plonger dans nos pratiques, dans ce qu’elles ont de frustrant, d’insatisfaisant ou de choquant, et vlan, la question de l’éthique « en situation » montre toute sa complexité. Elle nous laisse sans cesse entrevoir la nécessité de nous confronter (aux autres, à leurs propositions, à leurs engagements) et de faire des choix… politiques !
La réflexion sur l’éthique nous amène à entrer dans l’action (Que faire ? Que dire ?), et nous contraint à nous positionner sur des « tensions » qu’il est parfois difficile de nommer.
Et chacun raconte, avec le souci des actes qu’il pose et avec les contraintes de la situation, l’idée de la transgression qui le traverse, dans la relation pédagogique avec l’élève qui voit faire et apprend à être avec ça… Cette rationalité, à laquelle on veut qu’il accède, pour ouvrir les portes à ses propres représentations du monde, à sa capacité à faire naitre du savoir avec son savoir. Je veux ton bien… et je l’aurai !
Il y a aussi cette impression de lutter contre des moulins à vent, d’agir tout le temps le nez dans le guidon… Prendre enfin le temps de la réflexion, ensemble, histoire d’arrêter de faire semblant d’y croire, d’accepter de déstabiliser les certitudes qui nous réconfortent et dont nous avons tant besoin parfois pour ne pas craquer.
Jongler entre hypothèses et convictions, désindividualiser le problème tout en reconnaissant le sujet comme acteur, se battre pour que ça change jusqu’à oublier que rien ne change… Mettre la norme en débat ? Occuper sa place, être le rouage, être le grain de sable ? Peut-on apprendre la résistance ? C’est quoi être gentil ?