Édito
Fondamentaux relationnels : ça pue la charte. Le ton est donné. C’est du lourd, il a fallu faire de la place : une feuille en plus, deux recto verso, quatre pages ! Un peu de calcul fondamental. Pas d’articles hors dossier, à part l’épisode quatre de la saga.
Ce numéro est la production du weekend d’écriture TRACeS ouvert à ses lecteurs. Mais, cette fois-ci, on était un peu entre soi. Peu de lecteurs extérieurs, peut-être que la lecture vous donnera envie de participer la prochaine fois.
Il y avait des membres du comité de rédaction, des militants CGé, des membres d’Épi… Et le soleil avec ça. La campagne, pension complète ! Un cadre de travail idéal. Un but de production avec publication : ce numéro. Du coup, peu de controverse ou de polémique.
Un dispositif de travail qui a fait ses preuves. Des textes pour se nourrir. Des temps d’écriture individuels, des rebonds en sousgroupes. On écrit sans complexe. Différentes propositions, différents registres d’écriture. Du récit, à la fiction, des slogans, des citations qu’on soutient ou qui ne nous vont pas. Car entre dressage et émancipation, l’apprentissage des fondamentaux relationnels, du vivre ensemble comme certains disent, ça peut donner le meilleur comme le pire. En note, vous trouverez un lien [1] vers le texte qui nous a rassemblés. Plusieurs articles y font référence. L’organisation de la vie de la classe et de l’école (cours, toilettes, cantine, couloir…) signifie à chacun une vision des fondamentaux relationnels bien plus crédible que tous les discours et les apprentissages formels et normatifs. C’est en les vivant, dans l’école et dans la classe, qu’on se les approprie. Et ça change tout. Parce que dans la vie réelle de l’école, on apprend à prendre sa place, à réfléchir, à se laisser bousculer intellectuellement, à faire la différence entre justice et injustice, entre vigilance ou méfiance, apprendre à s’opposer et à proposer, c’est bien différent que d’apprendre à répéter la norme attendue. Et surtout, ça permet d’apprendre le reste. On apprend mieux et autre chose quand on a pleinement la possibilité d’être sujet, on fait mieux apprendre aussi.
Il s’agit, comme adulte responsable de groupe, de partir de ce qui surgit quand des gens sont ensemble (et vivants) dans un espace, avec des statuts différents, des vécus personnels, des expériences de l’école, des rapports aux savoirs, des différences qui s’exacerbent (ou pas) ou qu’on exacerbe (ou pas), sans oublier le travail à faire, apprendre pour les uns, enseigner pour les autres. Et ça, c’est drôlement plus intéressant à analyser. Ça concerne tout le monde. Remettre la loi au centre, sécuriser les relations et les apprentissages, revenir sur ce qui ne va pas, coconstruire une charte sans manipulation et sans démagogie. C’est fondamental. Et ça se construit tout au long de la scolarité obligatoire.
Bon, dit comme ça, qui serait contre ? Après, ce n’est pas simple. C’est forcément conflictuel, ça bouscule un peu tout le monde et on n’arrive pas facilement à prendre du temps pour se mettre ensemble, là où on est, pour changer le métier. Mais on voit bien aussi que continuer comme ça, ça ne sert pas à grand-chose. Toujours les mêmes qui n’y arrivent pas, qui sont impertinents et dont on dit qu’ils se croient tout permis. Apprendre à ne pas se
laisser faire ?
[1] https://goo.gl/1t6MVy
« Extrait du rapport du groupe de travail « Nouvelles compétences » », Pacte pour un enseignement d’excellence, p 14 à 24, 30/5/2016.