Recherche

Commandes & Abonnements

Édito
Ah, il est là le numéro du weekend d’écriture ! Avec comme dossier : apprendre. Non, pas « Oui, mais comment ? » Juste apprendre. Sans le soutien de Philippe Meirieu. Pas d’invité prestigieux, mais une grosse partie des membres du comité de rédaction, deux nouveaux permanents de CGé, quelques habitués et quelques-uns qui étaient là pour la première fois. Et la campagne.
Apprendre et faire apprendre, on ne fait que ça à l’école et dans la vie. Mais qu’est-ce que cela signifie ? Ce n’est pas simple. On ne peut pas toujours identifier ce qui est appris, pourquoi on a appris, comment, grâce à quoi…
Les responsables du weekend avaient préparé un dispositif pour produire ce TRACeS 243 en deux journées de travail. En amont, un portefeuille de lecture pour se nourrir et une demande d’écriture : « Se souvenir d’un ou deux ou trois moments où on a appris et d’un ou deux ou trois moments où on a fait apprendre quelque chose à quelqu’un. Les écrire chacun sur une bandelette (texte court – avec un titre). »
Tout le samedi : on écrit ! Un temps d’écriture en individuel pour approfondir une des bandelettes sur un apprentissage vécu, puis des échanges en sous-groupes pour rebondir, interroger, déplier tel ou tel passage du récit et avec ce que les autres ont apporté, on repart dans son écriture. Même processus sur un apprentissage enseigné pour l’après-midi.
Nous avons plongé dans nos pratiques quotidiennes, dans nos expériences personnelles, dans ce qu’elles ont de frustrant, d’insatisfaisant, de choquant, de malmené ou quand même aussi de réjouissant parfois. Résultat : quatorze textes pour ce dossier.
Le dimanche, nous avons tenté de catégoriser nos réponses à la question « Qu’est-ce qui fait apprendre ? » La réflexion s’est d’abord amorcée en petits groupes à partir de nos récits et des tensions [1] apparaissant dans ceux-ci. Tenter d’unifier nos réflexions et nos différentes conceptions de l’apprentissage s’est révélé compliqué. La question de nommer nous a bloqués ou divisés. Nous essayions de nommer ce qu’on avait appris pendant un weekend d’écriture qui ne nous avait pas appris la même chose à chacun… Nous avons beaucoup débattu sur les mots à utiliser : la motivation serait-elle une catégorie incontournable de l’apprentissage ? Elle n’est en tout cas pas forcément première, les dispositifs didactiques-pédagogiques-relationnels créent aussi la motivation. Peut-on se passer de motivation (ou faut-il dire désir ?) pour apprendre ? Et de quelle motivation parle-t-on ? Celle des points, de la fierté, de la survie, d’éviter les coups (difficile ici de parler de désir…) ?
S’est posée aussi la question de la schématisation : est-ce judicieux de construire un tableau ? Former des cercles concentriques autour de l’acte d’apprendre ne serait-il pas plus pertinent ? Que mettre alors en premier ? Faut-il distinguer ce qui est du pouvoir du prof et ce qui ne l’est pas ? Et où placer le temps qui exerce une influence sur tous les aspects de l’apprentissage ?
Donc, ne cherchez pas de typologie ou autre théorisation. Par contre, dans ce TRACeS, vous trouverez le premier épisode d’une nouvelle saga, une ouverture sur l’évaluation et comme d’habitude un Sois poli (tique) et tais-toi.

notes:

[1Un axe de tension unit et oppose à la fois deux pôles qui s’excluent naturellement et s’appellent mutuellement. Il y a la fois rejet réciproque et égale valorisation des deux pôles. Il n’y en a donc jamais un positif et un négatif, mais toujours deux positifs qui se repoussent et s’attirent. (Jacques Cornet)