Nous sommes (temporairement) débarrassés du feuilleton « inscriptions » en 1° année du secondaire. L’heure est à la reprise des cours dans l’enseignement supérieur : c’est la rentrée académique ! Pas pour tous cependant… En effet, l’accès à l’enseignement supérieur ne concerne qu’une bonne moitié d’une tranche d’âge : 56% des jeunes filles et garçons s’inscrivent en 1° année. Cela veut donc dire que 44% de jeunes de la tranche concernée ne poursuivent pas d’études supérieures. Les autres…
Comment se répartissent les « élus » ? 21% s’inscrivent à l’université, 6% dans le supérieur de type long et 29% dans le type court (3 ans actuellement). On imagine le bouleversement si, pour ces 29%, les études étaient prolongées à 5 ans, comme d’aucuns le préconisent. D’autant que c’est dans cette catégorie qu’on trouve la majorité des jeunes de milieux modestes et populaires qui tentent l’aventure du supérieur. Comment résoudre les problèmes de coûts et de sacrifices demandés à ces familles ? Comment faire face aux pénuries, déjà alarmantes, en infirmières, en enseignants, … ?
Les études les plus récentes confirment que l’ouverture de l’université aux jeunes étudiants issus de familles de cultures populaires reste très limité. Le milieu socio-culturel d’origine (en particulier le dernier diplôme de la mère) demeure assez déterminant. De même que la filière suivie durant les études secondaires (en l’occurrence l’enseignement général demeure la voie « royale »). L’université « reste une chasse gardée », comme titrait récemment Le Monde.
Autre question sensible : que deviennent ces jeunes ? Les données fiables sur leurs parcours académiques n’abondent pas. Certes nul n’ignore que l’échec en 1° année est massif : de l’ordre de 60%. D’où la mise en place de dispositifs « d’aide à la réussite ». Avec des moyens très limités. Les Indicateurs de l’enseignement ajoutent que, pour le supérieur non universitaire, il y aurait 32% de réussites en 3 ans …et 40% d’abandons. Ces quelques données chiffrées donnent un relief particulier à la remarque de François Dubet : « …Si notre avenir dépend des élites, il dépend plus encore du niveau de la très grande majorité des élèves qui seront ouvriers, employés, chargés des services à la personne… et qui seront aussi les acteurs d’une vie démocratique. On peut craindre que les politiques actuelles ne renversent pas ce tropisme élitiste, y compris en proposant aux plus méritants des élèves défavorisés de rejoindre demain l’élite. Le problème majeur, c’est les autres. »