Mon petit-fils (treize ans) m’a entraîné voir Harry Potter et la chambre des secrets.
Avant la séance, il m’avait résumé les épisodes précédents et expliqué qui étaient les Moldus.
Ai-je perdu le don d’enfance ? J’ai eu beaucoup de mal à suivre cette histoire.
On m’en avait pourtant dit du bien et je n’ai vu que des effets spéciaux, des horreurs, des atmosphères mystérieuses, des vomissements de batraciens et des peurs dans de longs couloirs interdits.
J’ai cherché vainement un appel, dans ce milieu scolaire, à des valeurs comme la coopération, la solidarité ou ne serait-ce que des sentiments généreux : le sang, l’horreur, la peur, le harcèlement, la hiérarchie, les lieux fantasmatiques (grottes, puits, trous sans fin) ou les animaux mythiques (serpents, araignées, monstre) tiennent le spectateur en haleine.
Les éducateurs ont le devoir de ne pas l’exploiter en classe sauf en faisant avec leurs élèves l’analyse du film. Il est de leur devoir aussi de dénoncer le système qui consiste à exploiter aussi bassement leurs peurs naturelles et leurs instincts primaires...
Je crains cependant de ne pas être entendu. L’engouement vis-à-vis d’Harry Potter est tel que tout sens critique semble avoir disparu des salles de classe. Gageons que des enseignants emmèneront leur classe au cinéma voir ce film comme d’autres ont préparé une excursion au château où se déroulait la Star Academy.
Certains objecteront probablement que j’ai le droit de ne pas aimer mais pas celui d’en dégouter les autres. Mon objectif n’est pas celui-là. Je considère seulement que lorsqu’un réalisateur se permet de claquer plusieurs millions de dollars pour offrir du spectacle à nos enfants, nous (les éducateurs, les parents) avons le droit d’exiger la qualité non seulement cinématographique mais également la qualité du scénario et le recours minimal à la violence.
Les enfants adorent ? Qu’ils lisent le livre. Le cinéma, chacun le sait, a un impact différent sur eux.