Il faut un Tableau Blanc Interactif dans toutes les classes ! Les TBIs, c’est pour les maths ! Une école sans TBI est une école qui vit dans le passé ! Les TBIs, c’est un bon coup électoral ! Si on a des tablettes, le TBI ne sert à rien ! Les TBIs sont tous les mêmes ! Qu’ai-je entendu comme conneries au cours des années. Soyons clairs et mettons les choses au point.
Cela fera bientôt vingt ans que je vis dans le monde des tableaux interactifs. Eh oui, les « TBI » sont apparus en Wallonie en 1997 et les premières écoles se sont équipées dès 1998.
Utilisé intelligemment, le tableau interactif est un complément de qualité pour le monde éducatif. Ce qui ne veut pas dire que c’est un « Miracle » en soi. Le seul miracle dans une salle de cours est le lien qui se crée (ou pas) entre le cerveau de l’enseignant et celui de l’enseigné. Le tableau interactif est un outil tout comme le crayon ou la craie.
Ce n’est pas parce que vous avez acheté une superbe foreuse/visseuse que vous n’enfoncerez plus jamais un clou !
Une obsession ?
Non ! L’utilisation du tableau interactif n’est pas une obligation, loin de là. Je fus parmi les premiers à dire qu’un tableau interactif ou un projecteur doit s’éteindre régulièrement pour alterner le mode d’interactions entre enseignants et enseignés.
Il est impératif d’alterner les outils utilisés pour transmettre les connaissances et donner envie aux enseignés de poursuivre leur éducation, en classe ou à domicile.
La meilleure innovation scolaire depuis l’invention du papier !
Non ? Il ne s’agit que d’un outil complémentaire qui permet dans certains cas (plus ou moins nombreux suivant l’enseignant et la matière enseignée) d’améliorer et de faciliter la transmission et le partage des messages qui passent entre l’enseignant et ses élèves. Il s’agit d’un accessoire et rien d’autre !
Un gain de temps ?
Oui ! L’utilisation d’un outil qui permet de sauvegarder le contenu du tableau, de le récupérer à souhait et de le partager offre un gain de temps non négligeable. Mais encore faut-il que ce gain de temps soit utilisé à bon escient et de manière graduelle et intelligente. Par exemple, la construction en direct d’un schéma (ou d’un texte) est parfois plus importante que son affichage final.
Il est évident qu’un enseignant « perd son temps » quand il passe dix minutes à dessiner un schéma ou une figure géométrique. Mais si ce temps gagné est utilisé pour bourrer un peu plus de la matière enseignée plutôt qu’expliquer et remédier, je crois qu’il s’agit plus de temps perdu. Je fais partie de ceux qui pensent qu’il vaut mieux qu’un élève (enfant ou adulte) apprenne un peu moins, mais qu’il l’assimile correctement. Si je comprends, j’apprends !
Une concentration accrue de la part des élèves.
Oui, c’est certain et prouvé depuis longtemps ! Mais cette concentration accrue a également un côté pervers. Pour atteindre son rendement optimum, le cerveau doit pouvoir « décrocher » régulièrement. Or l’utilisation du tableau interactif ou du projecteur de manière continue réduit considérablement les opportunités de ces moments de décrochages miniatures. L’utilisation continue d’outils multimédias amène parfois à des situations et des relations « tendues ». Ceci est encore plus d’actualité dans le cas d’enfants hyperactifs. Il y a plusieurs études sérieuses qui confirment que l’utilisation continue de projecteurs ou de TBIs produit parfois des changements d’attitude chez certains.
Les TBIs sont tous les mêmes.
Ça, c’est vraiment du n’importe quoi ! Le monde des tableaux interactifs se peuple de plus en plus, il y a plus de 300 fabricants et une dizaine de technologies différentes et des logiciels à la pelle. Et il devient difficile de faire un choix judicieux adapté au mieux à l’objectif fixé.
Et les tablettes dans tout ça ?
N’en déplaise à certains, les tablettes et les TBIs ne sont pas concurrents. Si on considère que les tablettes sont appelées à combiner cahiers, manuels scolaires, journal de classe, vitrine ouverte sur le monde, le TBI reste quant à lui un espace de concentration, de guide, de partage, de présentation pour l’ensemble.
Existe-t-il un « Maitre achat » pour tous ?
Non ! Il n’y a pas plus de tableau interactif idéal qu’il n’y a de partenaire idéal pour faire sa vie. Cela revient à demander quelle est la meilleure voiture au monde ?
Le choix d’un tableau interactif dépend de tellement de critères qu’il est impossible (contrairement à ce que certains tentent d’imposer en Wallonie) de faire un choix qui convienne à tout le monde. Dans une même école, certains enseignants préfèreront un modèle tactile, d’autres le non tactile, d’autres encore un projecteur interactif, d’autres encore un simple projecteur, et certains ne voudront que des tablettes ou un système de QCM indépendant. Et alors que certains ne l’utiliseront que pour présenter leur cours, d’autres voudront pouvoir créer leurs fichiers de cours à l’avance.
Et surtout, n’oublions pas ceux qui n’en veulent pas !
Lequel a raison ?
Tous, à condition que le transfert de l’enseignement vers les élèves soit réussi.
Je dis souvent que le meilleur tableau, interactif ou pas, est celui avec lequel on se sent bien et qui permet d’assurer un transfert convivial, compréhensible et mémorable avec son public.
Donc quand on parle de TBI, on ne parle pas tous de la même chose ?
Non ! Il y a les « Vrais » et les « Faux » tableaux interactifs. Soyons honnêtes, tous ces différents types de « TBIs » sont valables et sont créés en vue d’une utilisation définie. Pour donner un cours de français, un prof de math n’est pas le premier choix.
Un tactile ? Ou un non tactile ?
Oubliez tout ce qu’on vous dit à ce sujet ! Essayez les deux technologies vous-même, et pas seulement deux minutes, vous allez passer des heures pendant des années à l’utiliser, alors faites un essai « sérieux » en utilisant vos cours et vos habitudes, pas les exercices « cinq minutes et t’as vu comme c’est chouette » proposés par le vendeur !
Et moi alors, comment je fais pour choisir le bon ?
Que veut-on faire en classe ? Si on veut simplement projeter sans interagir dans ses documents (texte, image, vidéo ou autres logiciels) un simple projecteur, un écran et un système sonore sont amplement suffisants. Si on souhaite faire quelques annotations simples ou activer ses logiciels tout en restant debout face à son public, un projecteur interactif ou un TBI basique avec un logiciel de base feront de vous un « prof heureux ». Si par contre, vous souhaitez créer des cours en intégrant différents logiciels, documents, etc., et pouvoir travailler le tout en temps réel, un vrai TBI (tactile, non tactile ou combiné) équipé d’un logiciel pédagogique généralisé s’impose.
L’utilisation d’un projecteur interactif ou non avec un tableau blanc classique dont la surface n’est pas prévue pour la projection, doté d’une surface brillante, est fortement déconseillée (voire interdite dans certains pays).
Et où je mets mon TBI ?
Trois mots ! « Confort, sécurité et efficacité ». Un tableau doit être placé de manière à ce qu’il soit d’un accès aisé pour l’enseignant et l’enseigné. Ni trop haut, ni trop bas, ni non plus placé dans un coin. Et de préférence ne pas se débarrasser du tableau traditionnel (vert, noir ou blanc), j’insiste sur le fait qu’il faut pouvoir alterner les modes de cours. Je sais pertinemment bien que certaines classes ne se prêtent pas à cette configuration idéale. Si c’est votre cas visitez d’autres classes ou d’autres écoles pour vous faire une idée plus précise de ce qui serait adaptable chez vous.
Je recommande que le ou les futurs utilisateurs décident classe par classe de l’emplacement après en avoir parlé avec d’autres utilisateurs. Mon expérience me prouve que certains tableaux ne sont quasi pas utilisés uniquement suite un à choix de TBI inapproprié ou à une installation non adaptée.
Pourquoi tu veux un TBI ?
À la question « Choisit-on un TBI pour une classe, pour une matière ou pour un enseignant ? » La réponse est « Pour les élèves ».
Quel que soit l’outil, il faut que l’enseignant en ait envie ou besoin, sinon il ne s’en servira que mal ou pas du tout. Mais on perd trop souvent de vue que l’utilisateur final de tout outil pédagogique est l’enseigné. Il est donc primordial de prendre en compte ce que celui-ci va tirer comme profit du changement de manière ou d’outil utilisé pour son éducation.
Le TBI ne doit pas être considéré comme un « Coup de com » ou « Pour être dans le coup ». Et il ne faut surtout pas imposer le TBI à tous les enseignants.
Que vas-tu faire avec ton TBI ?
Voilà « la » bonne question ! « Que peut-on faire avec un TBI » est une question aussi vaste que « Que peut-on faire avec une fourchette ? ». L’enseignant doit se poser cette question lors de chaque préparation de cours, ou plutôt se poser la question « Comment faire et qu’utiliser pour que mes élèves comprennent ceci ? »
Ben alors ? Comment savoir si je dois l’utiliser ou pas ?
Il n’y a que deux raisons d’utiliser un TBI en classe.
On l’utilise quand il facilite la vie de l’enseignant. C’est-à-dire si je dois écrire beaucoup, faire un tas de croquis, etc., ou si je dois utiliser des fichiers informatiques divers (manuel scolaire, internet, etc.) ou si je veux garder l’info pour une utilisation ultérieure ou un partage.
On l’utilise quand il est utile pour l’enseigné. Par exemple, pour faciliter l’acquisition de savoirs, pour pouvoir partager et interagir, pour faciliter ses prises de notes, ou pour partager le contenu du tableau.
Avec le TBI, je tourne le dos aux élèves !
Nombreux sont les opposants aux TBIs qui utilisent cet argument. Il est vrai qu’avec un tableau vert ou noir on fait face à ses élèves ! Et le plus surprenant est que la majorité de ceux qui émettent ce commentaire donnent leur cours « cachés » derrière leur écran d’ordinateur ou pire encore, assis au fond de la classe pour « les tenir à l’œil ». Lors d’un cours bien préparé avec un logiciel adapté, le temps passé le dos tourné aux élèves est minime.
Et les gosses dans tout ça ?
On lit régulièrement dans des articles que le TBI permet enfin d’offrir une éducation digne de ce nom aux élèves. Parce qu’il est certain que des gens comme Archimède, Platon, Pasteur, Schweitzer, Blum, Einstein, Sartre, voire Gates n’ont pas eu la chance d’avoir une éducation digne de ce nom !
On dit tout aussi régulièrement que les jeunes vivent dans un monde multi médiatique, et que pour les intéresser il faut obligatoirement rentrer dans leur monde.
Dernièrement, j’ai été impliqué (de très loin) dans un concours d’écriture d’élèves du secondaire (près de 400 élèves ont participé). Et, surprise, contrairement à ce qu’on attendait, aucun des textes présentés n’était écrit en « langage SMS ». Dans les bibliothèques, le nombre de livres empruntés par les jeunes est en augmentation régulière. Il n’est pas forcément nécessaire d’entrer dans leur monde pour que les jeunes vous écoutent.
Il faut surtout avoir « quelque chose » à dire, et le dire de manière intelligente et accessible !
Une conclusion ?
En Fédération Wallonie-Bruxelles, il y a environ trois-mille établissements scolaires, environ cent-mille enseignants et plus d’un million d’élèves. Il est impossible de tirer une conclusion valable pour tous ou d’imposer un choix.
Il faut réfléchir à son projet personnel et à l’éducation que l’on veut partager. Chacun a le droit et doit faire son choix, et en supporter les conséquences.
J’avais douze ans, j’étais au bassin de natation, au pied du grand plongeoir, les copains étaient là, surtout Jacqueline avec ses grands yeux noirs. Que faire ? Je n’ai même jamais plongé du petit plongeoir, il n’y a pas de maitre-nageur. Et si j’y vais, qu’est-ce que ça va changer dans ma vie ?
Je n’ai pas plongé, Jacqueline ne m’a plus jamais regardé ! Et toi, qu’aurais-tu fait ?