Dans notre premier article, nous évoquions les origines de notre projet, le déroulement de la rentrée scolaire et l’organisation de la vie du groupe-classe dans les locaux.
Comme dans toute vie scolaire des « imprévus » surviennent. Ainsi, nous avons eu le plaisir d’accueillir deux nouveaux acteurs (Jonathan et Quentin). Chacun d’entre nous a du prendre ses repères et sa place qu’il soit professeur, élèves de 2P ou nouvel arrivant. Comme le dit si bien Florent : « Pour être élève en 2P1, il y a beaucoup à apprendre mais enfin... ça s’apprend ». L’équipe leur fait bon accueil : « Après les vacances de Noël, nous avons vécu l’arrivée d’un nouvel élève qui vient de deuxième général. Il se nomme Quentin, il est super sympa. A mon avis, il se sent bien en classe parce qu’il rit souvent avec nous et participe bien aux activités (Thomas) ».
Changer d’école, passer d’une classe à l’autre est un passage qui peut s’avérer difficile voire périlleux. Faire prendre sa place, toute sa place et rien que sa place à un nouvel élève demande beaucoup d’attention. Et le retour de l’un d’entre eux nous montre que ce changement n’est pas anodin, notre société portant, sur ce type de transition par la filière professionnelle, un regard peu valorisant et valorisé : « Je suis en 2P1 depuis peu de temps mais je ne regrette pas mon choix. Dès mon arrivée, je me suis senti à l’aise avec les professeurs et mes copains de classe. Ils m’ont très bien accueillis et m’ont aidé à me remettre sur les rails. Grâce à ce changement de classe, j’ai repris confiance en moi et je suis motivé pour rester à l’école. On s’amuse, on apprend ensemble, tout en restant concentré. On a beaucoup de projets ambitieux pour la classe. En plus, que ce soient les copains ou les professeurs, ils sont toujours disponibles pour donner des explications. On prend le temps de comprendre ce qu’on fait (Quentin) ». Comment ce choix pourrait-il être perçu comme positif quand le système éducatif offre peu d’informations et d’activités permettant aux jeunes et à leur parent de se faire une véritable idée d’un autre programme de formation ? Tout le travail des 2P commence d’abord par une remise en confiance du jeune en lui-même et dans l’Ecole. Ce n’est pas évident pour tous les élèves et il arrive souvent que cela demande plus de temps pour surmonter davantage d’obstacles.
« Après ce début d’année, les projets se mettent en place. Pour mieux exercer nos métiers [1] (on n’a pas toujours le temps pendant les cours), nous avons décidé de passer une nuit à la maison avec deux professeurs et un éducateur. Nous avons aussi fait un match de mini-foot et un de basket contre les profs (Florent) ». Nous avons encore beaucoup de projets à réaliser d’ici la fin de l’année, on est en train de les organiser. Nous allons visiter le salon des métiers et des professions à Liège, nous créons en coopération, la maquette d’une ville en étude du milieu et nous allons réaliser un petit jardin potager devant la maison (nous prenons les mesures et calculons, en maths, nous choisissons ce que nous allons planter et comment le faire, avec la stagiaire et notre professeur sciences) (Janathan) ». « Nous aimerions partir en Alsace en mini-bus pour visiter un camp de concentration car nous voulons comprendre ce qui s’est passé il y a 60 ans (Thomas) ».
C’est au conseil de tous que se discutent les projets et que se prennent les décisions. Chacun, élève comme professeur ou éducateur, soumet des idées et marque son accord. Nous veillons tous à ce que le projet remplisse pleinement ses objectifs, à savoir : apprendre à se connaître (soi-même et les autres), exercer des compétences dans différents cours, apprendre à se projeter ((s’)organiser, planifier, décider, exécuter), apprendre à se socialiser et s’ouvrir sur le monde qui nous entoure.
« Mais pour réaliser ses projets, il faut un peu de moyens financiers, ça demande de l’organisation et pas mal d’idées, ce n’est pas si facile (Julien) ». « On écrit des articles sur notre projet de classe, on va laver des voitures, fabriquer des jeux en bois, emballer des courses, etc., ... (Thomas) ».
Le projet de la maison demande un soutien de la Direction et des collègues, du temps (beaucoup de temps), une remise en question et une formation continuée de l’équipe pédagogique et donc l’investissement de chacun et du groupe tout entier. [2]
[1] Les métiers sont directement liés à la participation et la coopération de chaque élève de l’équipe au projet et à la vie du groupe. Il consiste à prendre en charge une responsabilité décidée par celui-ci pour améliorer le quotidien du projet.
[2] Il ne s’agit en aucune façon de présenter un système valable uniquement pour la 2e professionnelle. L’intérêt de cette pédagogie est qu’elle est applicable à tout type de classe. Elle est d’ailleurs utilisée en 1e et 2e générales.