Dans l’accord sectoriel « enseignement » à la Communauté française, ce sont une fois de plus les écoles maternelles et primaires qui seront les « dindons de la farce ». Le gouvernement crie victoire parce que 100 puéricultrices vont enfin être nommées. C’est le résultat de plus de 20 ans d’un combat qui, hélas, ne signifie pas la fin des sous-statuts pour celles et ceux qui ont en charge l’éducation des tout petits.
Mais c’est dans les classes maternelles à Bruxelles que les « moyens du bord » ne peuvent plus assurer le minimum qu’on est en droit d’attendre des pouvoirs publics. Le gouvernement a élaboré, en hâte et fort tard, un plan d’ouverture de nouvelles classes et de constructions de nouvelles écoles. Mais qui sait que, entre 2000 et 2008, 292 nouvelles classes ont été ouvertes ….sans toucher au nombre d’écoles ? Cela veut dire qu’on a du utiliser les caves, les greniers, les cantines, des conteneurs, les salles de psychomotricité, …. pour « accueillir » les enfants et essayer d’assurer, dans ces conditions déplorables, des apprentissages décisifs pour la suite de la scolarité des mômes.
Parler d’accueil ? Non, il faut parler de saturation nuisible à l’accueil, quelle que soit la bonne volonté des personnels. Dans ces écoles saturées, les mesures prises ces dernières années « affectent souvent la qualité pédagogique : des espaces nécessaires au bien-être des enfants (sanitaires ou réfectoires) et aux situations pédagogiques différenciées (récréation, psychomotricité, sieste, …) ont disparu. C’est particulièrement le cas des classes d’accueil, vu la taille inacceptable de certaines d’entre elles pour accueillir des enfants de 2,5 ans ». Tel est le constat de Perrine Humblet (ULB, expert à l’Observatoire de l’enfant) dans son rapport « Accès pour tous à l’école maternelle dans la Région de Bruxelles-Capitale ».
La situation est d’autant plus inacceptable que ce sont bien sûr les communes et les quartiers les plus pauvres qui en sont les principales victimes. Et ce sont les familles les moins familiarisées avec le mode d’emploi du système scolaire dont les enfants vont être exclus, faute de places ! Alors qu’on sait combien la fréquentation assidue de l’école maternelle et la richesse des activités d’éveil et de socialisation sont cruciales pour l’avenir de ces enfants. Il n’est pas inutile de se répéter sur ce sujet quand on constate le profond hiatus entre les discours politiques (« priorité à l’éducation ») et les faits.
Enfin, les répercussions de cette situation sur les crèches ne sont pas minces. L’entrée à l’école maternelle se faisant de plus en plus tard, il y aura moins de places libérées dans les crèches. D’où un coût supplémentaire pour des familles (l’école, elle, est gratuite). « Les familles sans revenus du travail sont doublement pénalisées, c’est le cas d’un ménage avec un jeune enfant sur quatre à Bruxelles. Ces familles seront privées des conseils fournis dans le crèches pour l’inscription à temps à l’école maternelle et ne pourront plus bénéficier des avantages éducatifs et sociaux auxquels elles ont accès depuis peu » (P. Humblet, ibid.)
Des situations totalement intolérables ! Autrement préoccupantes et urgentes que les minables primes de fin d’année qui font la Une des médias …et honte à la profession.
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