Il y a des matières mathématiques qui ne servent qu’à un petit pourcentage de la population scolarisée tandis que d’autres sont utiles à tout un chacun, en particulier dans la pratique des sciences sociales.
Principal pollueur du monde, la Chine se pose en leadeur des énergies vertes.
La Chine entend investir à court terme 360 milliards de dollars dans les énergies renouvelables. Le pari d’une transition verte est immense, car l’Empire du Milieu consomme à lui seul la moitié du charbon de la planète. […]
Alors que la Chine met le cap sur les énergies vertes, l’Amérique de Donald Trump annonce son retrait de l’accord de Paris sur le climat. Le budget dévolu à l’agence américaine de protection de l’environnement devrait aussi être amputé de 30 %[1]RTS INFO du 13 novembre 2017 à l’adresse https://urlz.fr/8fqi et consulté le 22 octobre 2018.. »
La figure 1 montre l’évolution des émissions de CO2, depuis 1960. Qu’est-ce qui vous surprend dans ce graphique ?
Que c’est l’Inde qui vous parait être le plus gros pollueur ? Que l’Inde et la Chine dépassent de loin les États-Unis et l’Union européenne ? Que tous les pays sont au même niveau en 1960 ? Qu’il n’y a pas d’unités sur l’axe vertical ?
S’il n’y a pas d’unité en ordonnée et que tous les pays sont au niveau 100 % en 1960, c’est parce qu’on a considéré des indices[2]Un indice exprime le rapport d’une grandeur à une valeur de référence généralement associée à l’indice 100. et non des productions. Pour ce faire, il a fallu diviser, pour chaque circonscription géographique considérée et pour chaque année, la production annuelle par celle de 1960.
Ce que le graphique montre, c’est que la production de CO2 a doublé aux États-Unis entre 1960 et 2000, pour redescendre très légèrement après 2005. Alors qu’entre 1960 et 2014, les émissions de CO2 ont été multipliées par 13 pour la Chine et par plus de 18 pour l’Inde.
Les indices montrent une évolution, mais pour se faire une opinion plus précise, il faudrait savoir d’où sont partis ces pays ? Quelle était l’importance de leurs émissions en 1960 et après jusque 2014 ? C’est ce que montre le graphique de la figure 2.
La situation apparait toute différente… L’Inde est largement en dessous des autres entités considérées. Ce n’est qu’à partir de 2005 que la Chine dépasse les États-Unis. Quelle en est la cause ? Une industrialisation galopante ? La consommation de charbon ? À moins que ce soit aussi dû à la taille de la population ? Il faudrait donc considérer les émissions par habitant ? C’est ce que montre le graphique de la figure 3.
Quelle différence avec les graphiques précédents ! Ce sont les États-Unis qui caracolent largement en tête. Puis vient l’Europe avec des valeurs deux fois plus petites. Et la Chine a rejoint l’Europe en 2011 seulement.
Cela relativise très fort le propos d’hommes politiques, américains notamment, qui enjoignent la Chine de réduire ses émissions de CO22, en la qualifiant de plus gros pollueur du monde…
Le graphique de la figure 1 n’est peut-être pas lisible et critiquable par un débutant. Parce qu’il recouvre des notions : de pourcentages et d’indices, de graphiques cartésiens avec les problèmes d’axes et d’échelles, de croissance, d’affinité quand on s’intéresse au passage d’un graphique de productions à un graphique d’indices. On peut se faire une idée de l’affinité en dessinant un motif sur une bande Velpeau puis en étirant cette dernière, la déformation ne se fait que dans une direction…
Pourtant, les graphiques, cela commence en maternelle. Chaque fois qu’un enfant arrive le matin, il ajoute une brique sur la pile qui correspond à son genre (bleue pour les garçons, par exemple, et rouge pour les filles). Puis les enfants représentent, de jour en jour, les piles de briques, pour donner corps après un certain temps aux graphiques en bâtonnets (figure 4).
Plus tard dans la scolarité, si on met les bâtonnets au régime, ils deviennent tout fins… On peut alors n’en considérer que les sommets et, sous certaines conditions, les relier. On a alors un graphique d’évolution du nombre de présents en classe au fil de la semaine (figure 5).
Pour ce qui est des pourcentages et des indices, tout au début du primaire, on apprend à couper en 2, en 5, en dix… Et on prend conscience de fractions partage comme 1/2, 1/5, 1/10…
Plus tard dans la scolarité, on aborde des fractions rapports, des fractions opérateurs et on considère des centièmes, des pourcents. On calcule x % de, un montant augmenté de x %, un rapport exprimé en %… Pour en arriver finalement aux indices.
De nombreux outils graphiques et statistiques sont indispensables à la pratique des sciences sociales. À rebours, la pratique de sciences sociales nourrit en termes de contextualisation et de sens, l’apprentissage de ces outils mathématiques. Et tout commence très jeune…