Voilà que Jean-Claude Marcourt prend la posture de maréchal de l’éducation ! Sur deux pleines pages de L’Avenir du 9 avril, il détaille sa stratégie et dévoile son plan de bataille : « Nous devons avoir la volonté d’un plan Marshall de l’éducation. Cela fait déjà un an et demi que je le dis ». On devrait se réjouir sans réserve…
Mais, il y a quelques mais. Car l’éducation, pour le ministre de l’Enseignement supérieur, semble se réduire à ce seul secteur. Convenons avec lui et surtout avec les étudiants et enseignants que l’actuel système de « l’enveloppe fermée » est intenable. Mais quand on lui pose la question de savoir où il va trouver des moyens supplémentaires, le maréchal bat en retraite et se limite à aller puiser dans les budgets d’un bataillon voisin : l’enseignement secondaire. On le sait, ces troupes-là ne brillent pas dans la lutte contre le redoublement. Dès lors le maréchal y piquerait bien quelques-uns des 500 millions que coûte cette pratique. Ces « marges » (comme il dit) « iront au refinancement du supérieur, mais sans faire de mal à personne puisqu’on ne reprend pas un euro au budget de l’obligatoire. On recycle » ! Comprenne qui pourra. Nous, on croyait que les éventuelles marges dégagées par la lutte contre le redoublement serviraient à renforcer les dispositifs mis en place pour faire reculer les diverses formes de relégation.
Mais il y a pire : notre grand maréchal ne pipe pas mot de l’enseignement fondamental ! Pas un seul mot pour les mômes du maternel et du primaire. Ni pour celles et ceux qui accompagnent leurs premiers apprentissages. Pas un mot non plus sur le principal défi pointé par tous les experts : l’hécatombe scolaire des enfants des milieux populaires dans les zones sinistrées de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Curieux plan de bataille que celui qui ignore les fronts les plus décisifs si on veut gagner la bataille de l’éducation … pour TOUS. Pour que, dans tous les quartiers, pour tous les publics, l’excellence soit le maître-mot. Ce qui suppose d’investir plus et mieux dans les écoles pauvres des quartiers (de) pauvres. Oui, je sais, je le répète (presque) dans chaque billet. Mais puisque le candidat grand maréchal wallon n’a pas encore entendu…
Bon, vous me direz que son camarade, le colonel Magnette, a de son côté promis des repas chauds gratuits aux petits du fondamental. C’est vrai que, en période électorale, il est de bon ( ?) ton de faire des promesses tous azimuts. Vous me direz encore que c’est facile d’ironiser et de ne rien proposer. Vous avez raison. Aussi je vous renvoie à des contributions plus élaborées où je m’attarde sur les défis que je juge prioritaires et sur la nécessité de mettre en œuvre une véritable école du fondement [1]http://www.changement-egalite.be/spip.php?article2836 qui devrait, entre autres, réduire drastiquement les échecs, redoublements et relégations, mais aussi supprimer le casse-tête des décrets « inscriptions ». Si ça, c’est pas de la stratégie !
Notes de bas de page
↑1 | http://www.changement-egalite.be/spip.php?article2836 |
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