Marek Halter, juif et homme de paix, prône le dia- logue interreligieux depuis longtemps.
Parce qu’il s’est attaché à apprendre et à comprendre les trois religions monothéistes, il est celui qui peut dire : « La Bible, le Nouveau Testament et le Coran, c’est une histoire universelle qui s’adresse à tous les hommes et à toutes les femmes, c’est la grande histoire de l’huma- nité. »
« Juifs, chrétiens et musulmans ont le même ancêtre – Abraham, Ibrahim – et une bonne partie de leur his- toire en commun. Cette histoire commune est le socle sur lequel s’inscrivent les plus belles valeurs de l’humanité. Pourtant, au nom de leur religion, les peuples s’entre- tuent. »
« Il faut nous réconcilier. », c’est ce que rappelle Marek Halter après les tragiques attentats de Paris avec ce petit livre écrit dans l’urgence. Le ton est celui d’une interpellation, d’une supplique.
À la question de savoir si un discours de paix est en- core possible pour certaines personnes qui n’y croient plus et veulent faire triompher leur foi, l’écrivain ré- pond « Oui, tout le monde peut entendre ce que je dis ! », « ... Je ne leur parle pas au nom d’une morale occidentale ou judéo-chrétienne, je leur parle au nom de leur propre nom, en me basant sur leurs propres textes ». Dans ce plai- doyer, Marek Halter cite certaines sourates du Coran afin de démontrer que les intégristes, en commettant ces attentats, transgressent leur propre religion.
En ça réside toute la force de cet écrivain : il choisit de connaitre l’autre afin de mieux expliquer son histoire et les conflits entremêlés. Il se décentre, ce qui appelle au respect et à l’écoute.
Il entre en conversation amicale avec celui qui est différent de lui. Et il avance dans son propos en posant des questions : « Pourquoi me hais-tu ? Connaissez-vous les textes ? Sommes-nous si différents ? »
D’où vient la haine de l’autre ? De l’ignorance qui nous fait douter de notre voisin. « Dès qu’on va vers l’autre, qu’on apprend à le connaitre, qu’on partage un couscous, une tradition... on ne peut plus le haïr. On n’est pas obligé de l’aimer, mais on ne peut plus le haïr. » « Qu’est-ce qui nous rassemble ? L’amour de la vie ! Après on verra, peut-être qu’on se retrouvera ou pas, mais avant réconcilions-nous ! »
« Quand une bombe éclate, elle ne demande pas qui est musulman, qui est juif, elle éclate et elle tue ». Ces bombes-là, il faut les désamorcer en parlant, en ques- tionnant, en allant vers l’autre.
M. Halter, « Réconciliez-vous », Robert Laffont, 2015.