What is the problem ?

Ma situation concrète et insatisfaisante est en lien avec un projet de 2015 – 2016 qui continue cette année. Elle m’a mise en porte à faux avec certains collègues. Attention, hautes tensions !

Comme d’autres hautes écoles supérieures, nous recevons une subvention pour créer un Creativ School Lab[1]Le « Creative School Lab » (CSL) de l’HELMo Pédagogique Sainte-Croix est un lieu qui a pour vocation de stimuler la créativité et d’organiser les moyens de la mettre en œuvre. Il a été … Continue reading.
Nous sommes dix collègues à être intéressés, avec chez certains, des considérations assez critiques. Le privé et la mentalité capitaliste (pour faire court) fagocitent l’école, vaut mieux pas jouer dans cette cour-là…
Pour moi, le local équipé et les moyens mis à disposition offrent une possibilité de mener de nouveaux projets en lien avec nos objectifs d’enseignants.

Début chaotique

Nous sommes prévenus tardivement des dates de formations que nous devrons suivre, le coach qui nous est attribué a des intentions aussi bonnes que maladroites. Ces couacs valident les aprioris négatifs de certains.
Dans le groupe, nous sommes deux à avoir des heures attribuées pour mener le projet. À ce titre, nous proposons le planning des réunions, faisons les PV des réunions et les rapports, relançons les opérations. Nous sommes les interlocuteurs du cabinet Marcourt.
À l’école, sur fond d’indécision de la direction quant au local dédié au Lab, le groupe se répartit les différentes étapes d’organisation : conception du lieu, achat de matériel et installation. Ce sont de bons moments.
Nos réunions avec le coach rebaptisé « le capitaine » se passent mal. Nous sommes solidaires face à lui et pas sur la même longueur d’onde entre nous. Il est incapable de gérer et prend toutes nos questions pour des critiques personnelles.
Le Lab connait ses premières utilisations avec les étudiants, les collègues et des élèves de primaire. Ça se passe plutôt bien.
Suite à la demande du cabinet, celui-ci sert de prétexte à la venue de Marcourt et à l’installation du FabLab de Liège, un espace dédié à la créativité et aux technologies mettant à disposition fraiseuse, découpeuse au laser et imprimante 3D, un des outils du projet Creative Wallonia… Pierre Kroll est invité ! La RTBF vient et repartira très déçue n’ayant rien de bien spécial à montrer. Incompréhension du côté des organisateurs du FabLab qui s’attendaient à ce que tous les étudiants se bousculent au portillon. C’était sans savoir qu’en Haute École (HE), il y a un planning avec des cours programmés et des stages… Les membres du groupe porteur n’étaient pas tous présents. À nouveau, tout le monde a été averti au dernier moment, il n’y avait aucune connaissance des objectifs de chacun. Quelle était l’utilité de cette journée si ce n’est de mettre Marcourt dans le décor ?

Floubidoubidou

J’ai l’impression que le groupe se désagrège. Certains viennent aux réunions, trouvent que le groupe ne fonctionne pas bien mais ne proposent pas de modalités de changement. Je suis déçue, car je pensais qu’on arriverait à instaurer un fonctionnement plus solide. Il y a peu d’analyse réflexive, pas d’échanges francs. Tout le monde semble venir quand le reste du travail à l’école le permet. C’est vrai que les horaires s’alignent difficilement.
Avec mon collègue ayant plus d’heures que les autres, doit-on plus prendre « la direction » ? Ce n’est pas dans mon tempérament. J’aurais dû poser le problème de manière plus explicite au groupe. Je réalise à quel point organiser quelque chose qui ne rentre pas dans les cases de l’école est difficile.
De manière générale, cela pose peut-être la question du comment articuler un projet innovant dans un fonctionnement classique d’école ? Sachant que, pourtant, dans notre institution, il y a déjà un système de formation original pour une partie des options[2]www.tenterplus.be. Ces collègues-là étant d’ailleurs particulièrement sensibles au soin à apporter à un dispositif, à la cohérence entre action et valeur… Ce qui, ici, a peut-être été un frein.
Et puis créer du neuf tout en réfléchissant à une cohérence avec le travail de formateur responsable reste complexe même si une somme importante a été consacrée (110 000 euros) et a permis à certains de compléter leur horaire. La direction monopolisée par le décret Marcourt (tiens donc !) nous a laissé la bride sur le cou sans rien exiger ni même vraiment solliciter. Une chance, ou pas ?

Le fric c’est pas magique

Ce début d’année, nous avons attendu la confirmation de l’octroi d’une nouvelle subvention. European Schoolnet devait donner le feed-back au rapport final de juin et était dans l’incapacité de le faire, lui-même maintenu dans l’expectative par le cabinet. Mon collègue et moi avons gardé des heures sur la bourse de la HE qui faisait le pari de l’arrivée de celle-ci. Mais les incertitudes ont déforcé la motivation du groupe même si chacun a commencé à utiliser le Lab « dans son coin ». Des essaimages dans les conseils de section d’autres catégories que le pédagogique (économique, éducation physique) ont été organisés par mon collègue. Des conseils de direction ont eu lieu dans le Lab. Tous s’accordent à saluer l’outil.
L’appel à projets du fonds Houtman « Émancipation par la culture » m’a semblé être intéressant pour exploiter le Lab dans l’optique d’une ouverture de l’école à la société. C’était aussi un moyen pour remotiver le groupe, mais seules deux personnes ont manifesté leur intérêt. Par ailleurs, la subvention arrivée, la direction a modifié les attributions pour que l’équipe retrouve des heures pour le projet. Saupoudrage peu efficace qui a eu pour effet de provoquer le départ de deux psychopédagogues qui ont argumenté très justement leur position.
Ce qui m’interpelle, c’est la difficulté « à tous les étages », du plan individuel au plan sociétal, à intégrer un micro système qui semble tomber du ciel. Les aprioris qui servent de prétextes, le fonctionnement sclérosé et sclérosant de l’institution, la difficulté à trouver de l’énergie en dehors d’un assentiment collectif. Cela entrave ce qui pourrait peut-être changer l’école… 

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Le « Creative School Lab » (CSL) de l’HELMo Pédagogique Sainte-Croix est un lieu qui a pour vocation de stimuler la créativité et d’organiser les moyens de la mettre en œuvre. Il a été mis en place grâce à une subvention de la Région wallonne dans le cadre de Creative Wallonia. Ce budget portait tant sur des dépenses en matériel qu’en ressources humaines.

2 www.tenterplus.be