Le mouvement sociopédagogique, ChanGements pour l’égalité (CGé) a sa réponse : mieux préparer les enseignants à former tous les élèves, quelle que soit leur origine, dans une perspective de réussite et ainsi enrayer un système éducatif qui continue à reproduire, voire renforcer, les inégalités sociales.
Pour ce faire, il faut utiliser les résultats des recherches en sociologie à propos des rapports aux savoirs et à l’école des milieux défavorisés et les traduire en termes didactiques. La maîtrise de ces apports est indispensable à la rencontre entre l’école, les jeunes issus de milieux populaires et leurs familles en vue de favoriser leur maîtrise des apprentissages scolaires.
En termes de contenus disciplinaires, il ne suffit pas que les futurs enseignants maîtrisent les matières enseignées ; il faut qu’ils soient conscients des difficultés intrinsèques à celles-ci afin de pouvoir construire des séquences d’apprentissage adaptées et ainsi repérer et remédier immédiatement, dans la classe, aux difficultés de leurs élèves.
Une autre dimension qui doit faire partie intégrante de la formation est celle de l’indispensable dimension collective du métier avec toutes ses composantes : réfléchir, produire et décider en équipe de professionnels, rencontrer et dialoguer avec les parents, être en lien de partenariat avec les associations qui gravitent autour de l’école.
La formation doit permettre aux futurs enseignants de se forger une identité professionnelle forte et les amener à prendre conscience de leur position d’acteur de changement au sein de la société.
Pour atteindre ces différents objectifs, il faut éviter à tout prix de construire la formation des maîtres sur le modèle universitaire, comme certains l’imaginent.
Par contre, il faut favoriser, tout au long de la formation, un processus de va-et-vient entre une pratique de terrain, l’analyse de celle-ci et les apports théoriques de diverses disciplines de sciences humaines, comme points d’appui nécessaires pour changer ou consolider les pratiques. De plus, il faudra veiller à une articulation cohérente entre formation initiale et entrée dans le métier.
Voilà de quoi occuper de manière constructive et utile deux années de formation supplémentaires, contrairement à ce que disent certains commentateurs.
Espérons que pour réussir ce nouveau défi, le Ministre Marcourt rassemblera autour de la table tous les acteurs compétents, au-delà des acteurs institutionnels, pour arrêter l’hécatombe scolaire.
Bruxelles, le 22 septembre 2010.
Anne Chevalier, Secrétaire générale CGé
Noëlle De Smet, présidente CGé.
Sandrine Grosjean, permanente CGé
– Parution dans La Libre Belgique le 23/09/2010