L’actualité en cette seconde quinzaine de juin a propulsé à la Une des médias ces sigles qui, à première vue, pourraient bien convenir à de nouvelles entreprises innovantes, à des banques éthiques ou à un nouveau parti politique… Laissez votre imagination se déchaîner !
Mais non, vous le savez maintenant, il s’agit de ces fameuses « épreuves certificatives externes » auxquelles sont soumis nos élèves et que le monde nous envie. Votre sagacité (et la qualité de l’info reçue) vous aura averti qu’il y avait un intrus dans ma liste : le non moins fameux « encadrement pédagogique alternatif » (EPA) que de mauvais esprits ont osé qualifier « cours de rien », les vilains !
Trêve de mauvais esprit, c’est du solide, du sérieux et ça concerne des dizaines de milliers de familles et d’élèves. Derrière les fuites, les couacs à répétition, derrière les questions simplistes entendues et répétées un matin : « Nos jeunes sont-ils bien préparés ? On attend vos avis… ». Préparés à quoi ? A passer des épreuves ? Derrière tout le tapage médiatique, n’y avait-il pas quelques questions de fond à creuser ?
Pourquoi le monde de l’école est-il passé de qualifications ambitieuses (Humanités, par exemple) à des abréviations incompréhensibles pour le commun des mortels ?
Pourquoi maintient-on un « certificat d’études de base » (CEB), à la fin de la 6° primaire, alors que les décrets précisent que l’enseignement du fondement se termine à la fin de la 2° année du secondaire ? Et qu’il est de bon ton aujourd’hui de parler d’un tronc commun qui devrait se prolonger au moins jusqu’à 15 ans.
Pourquoi encourage-t-on le bachotage avec des enfants de 11-12 ans ? Cette frénésie de préparation au CEB qui occupe parfois tout le 3° trimestre en classe. Qui mobilise parents et grands-parents. Qui fait l’objet de pages spéciales dans les gazettes et de petits livres avec les questionnaires des années antérieures… Tout cela pour donner au MR l’occasion d’entonner une fois de plus la litanie du « niveau qui baisse ».
Serait-ce pour préparer les plus jeunes au bachotage que le gouvernement veut introduire à la fin du secondaire ? Alors que les plus éclairés de nos voisins français veulent se débarrasser de leur « bac ». Sans y parvenir. Et attention à ne pas confondre avec la nouvelle appellation des candidatures.
Entendons-nous bien : il faut certainement multiplier les efforts pour que tous les élèves maîtrisent un « socle commun » et qu’on sorte des profondes inégalités qui se sont creusées entre écoles. Mais est-ce en multipliant ces épreuves qu’on va y arriver ?
Jusqu’ici ce sont les effets pervers qui l’emportent largement : climat d’évaluation permanente, bachotage et classement des écoles, même si le secret est inscrit dans la loi. Mais la fraude est devenue la loi !
Ne serait-il pas bien plus formateur et dynamisant de proposer, comme quelques rares écoles primaires le font, la production d’un « chef d’œuvre » auquel élèves et enseignants consacreraient des temps de travail et de recherche tout au long de l’année ? Chefs d’œuvre qui feraient l’objet de présentation publique.
Ne pourrait-on s’orienter dans le même sens à la fin du secondaire en exigeant des élèves la présentation publique d’un projet original : recherche scientifique, réalisation technique, écriture d’un scénario, réalisation graphique ou d’un film, …. ?
Y prendre du plaisir, y puiser de la fierté et de la confiance en soi plutôt que d’entretenir la peur des questions « vaches » !