J’avais 20 ans quand j’ai commencé à enseigner, dans une école technique et professionnelle, entre autres en 4e professionnelle. Certains de mes élèves étaient plus âgés que moi… Je n’en menais pas large, parfois.
Il n’y avait pas de programme pour les cours de français/actualité/formation humaine. Pendant mes études au régendat, j’avais appris à construire une leçon, ou une séquence, ou même un parcours, sur un sujet donné. Mais décider de ce qu’il est bon de faire au cours de français avec des 4es professionnelles cuisine, je n’y avais jamais réfléchi. Donc, chaque semaine, j’imaginais, je préparais un cours pour eux. Et chaque semaine, c’était la java : ils n’écoutaient pas, ne s’intéressaient pas, ne travaillaient pas. Alors, j’imaginais autre chose pour la semaine suivante, qui ne les intéressait pas davantage.
De semaine en semaine, je suis donc arrivée à la fin de l’année, complètement essoufflée, découragée, vidée, avec l’impression que j’avais « donné » tout ce que je pouvais et qu’ils n’avaient rien « pris ».
En juin, une collègue m’a donné un fascicule proposant des formations pour profs pendant les vacances. « Tiens, tu pourras peut-être y aller ; moi, avec mes enfants, je ne pourrai pas… »
J’y suis allée, avec beaucoup de questions sur le sens de ce métier de prof, et j’ai découvert un nouveau monde de formation. J’ai découvert que je pouvais continuer à apprendre moi-même, pour apprendre à d’autres. Et ça m’intéressait beaucoup. De fil en aiguille, je suis arrivée aux RPé, d’abord intéressée exclusivement par les ateliers d’écriture, ensuite tentée par bien d’autres ateliers, qui ont ébranlé, bousculé, transformé, affiné, enrichi mes pratiques de classe. Pendant une douzaine d’années, j’ai participé aux RPé, et c’était une excellente manière de remettre le pied à l’étrier de l’année scolaire qui s’annonçait.
Après 25 ans dans ce métier, je me pose toujours des questions. Et je sais qu’être en recherche est moteur et positif pour enseigner. On ne peut enseigner si on n’apprend pas en même temps.[1]Citation d’E. Kübler-Ross.
Je fais maintenant partie de l’équipe qui organise les RPé. Là aussi, beaucoup de questions : qu’est-ce qui est bon à organiser pour aider les profs dans leur métier ? Quels critères envisager pour proposer des formations variées, et qui soient cohérentes avec les valeurs défendues par CGé ? Comment organiser le travail de groupe ? Comment prendre les décisions ? Qui fait quoi ? En acceptant de faire partie de cette équipe, j’ai renoncé, pour un temps, à participer aux formations RPé. Je découvre que le travail d’équipe est aussi formateur, à un autre niveau.
Et ça me plait de travailler pour que d’autres puissent profiter de ce qui est offert là.
Notes de bas de page
↑1 | Citation d’E. Kübler-Ross. |
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