Maman d’un enfant en 1e maternelle, je suis nouvellement membre de l’Association des parents d’une grosse école bruxelloise. Avant même d’avoir entendu mes motivations, les membres de l’association m’ont bombardée au Conseil de participation.
Après deux réunions en ce début d’année scolaire, un certain nombre de questions se posent à moi :
– qui représente qui et comment ? (forme)
– qu’entend-on par « participation » ? (sens)
– à quoi ça sert ? quelle est la plus value ? (fond)
Les élèves, par paire, représentent les élèves de leur année, ils se sont proposés et ont été acceptés, il ne semble pas qu’une élection ait eu lieu. Les élèves d’une même année proviennent de la même section (deuxième B, quatrième Sciences sociales,…) Ils représentent donc un échantillon concentré de leur année.
Les représentants du personnel éducatif de l’école (deux pour le secondaire, un pour le fondamental, un secrétaire, une assistante sociale) ont été élus, mais on ne sait plus clairement dans quelle instance, ni avec quelle durée de mandat.
Les parents du fondamental (trois personnes) représentent l’association des parents sur base d’une élection expédiée (trop peu de candidats, ceux qui se présentent sont plébiscités). Ces trois parents ont tous leur enfant dans la même classe maternelle. Le mandat est clairement établi pour une période de deux ans renouvelable une fois. Pour le secondaire, deux parents d’enfants du cycle inférieur sont présents, je ne sais pas comment ils ont été mandatés.
L’équipe de direction est au complet (deux directeurs pour le fondamental, une directrice et une adjoint pour le secondaire). Le PO est représenté par deux personnes : la présidente et une ancienne directrice adjointe. Il n’y a aucun représentant de l’environnement social. Alors que le projet d’établissement mentionne explicitement une meilleure connaissance du personnel d’entretien, aucun membre du personnel ouvrier ou de maintenance n’est représenté.
Six élèves, cinq membres du personnel, cinq parents, quatre membres de la direction et deux du PO, cela fait un peu lourd pour l’équipe de direction et du PO dont le nombre ne devrait pas dépasser celui de chacun des autres groupes, mais ne nous plaignons pas, vingt-deux personnes qui se bougent entre 19 heures et 21 heures (il y a des jeunes) deux mardis soirs à un mois d’intervalle, c’est pas mal.
« Participer » ça peut être : assister à, devenir membre de, signifier son appartenance, agir dans un groupe, contribuer… Le décret Missions ne précise pas dans quel sens il entend « participation » dans le cadre du conseil du même nom. Je partirai du principe que la participation entend permettre à chacun d’avoir une prise sur sa réalité. C’est donner l’occasion aux parents, aux élèves, aux enseignants de pouvoir agir sur le quotidien de l’école pour l’orienter dans un sens qui leur convienne (dans le respect des objectifs, s’entend). Cette action est cependant très limitée, puisque tant en matière de critères d’inscription des élèves surnuméraires que pour le rapport d’activité, il ne s’agit que de donner un avis. Par contre dans le cadre du projet d’établissement, c’est le conseil de participation qui le produit. Il y a là matière à participer puisque c’est là que vont se décider les mises en pratique des projets pédagogique et éducatif.
Lors de la première réunion du Conseil de participation (2008-2009) la question a essentiellement tourné autour des critères de sélection des élèves surnuméraires. Le travail d’information et d’appropriation des données a été fort bien fait. La présidente de l’assemblée s’est vraiment assurée que chacun avait bien compris les enjeux du décret et du vote avant de le mettre en œuvre. Je pense que ce soir-là, même si le conseil n’a émis qu’un avis, chacun a eu l’impression de pouvoir réellement participer au fonctionnement de l’école, d’autant plus que le décret « mixité » faisait partie d’une actualité relativement médiatisée.
Lors du deuxième conseil, il a été question du projet d’établissement qui devait être revu. La proposition du PO n’était pas tant de revoir le projet sur le fond que de tenter d’opérationnaliser le projet précédent. En ce sens : définir des objectifs plus précis, atteignables, fixer un échéancier et des personnes responsables.
Dans le projet précédent, le premier point, qui semble encore faire l’unanimité aujourd’hui, est la question du sens. Le travail a donc consisté, dans un premier temps, à trouver des façons de réaliser des objectifs tels que « inviter les élèves à comprendre le sens des démarches menées à l’école, amener les élèves à comprendre qu’ils sont partie prenante dans la construction de leur vie, éduquer les élèves au sens de l’effort… ». Exercice particulièrement difficile pour les élèves et les professeurs qui sont pris dans un système dont ils perdent parfois le sens. Les parents semblaient pouvoir offrir un éclairage novateur, mais questionnant, l’équipe de direction se positionnant plutôt en terme d’analyse que de propositions d’action.
Suite à une proposition des élèves, on a tenté d’approfondir la question sur le sens de la lecture… Les positions étaient nombreuses et variées. Il ressortait du débat qu’il était essentiel que le professeur explicite le sens des lectures qu’il suggérait ou imposait. Cela dit, au moment de voir comment ce message pouvait être transmis, la discussion a dévié vers une animation extérieure au cours de français, à la bibliothèque de l’école, et ce sont les élèves qui se sont retrouvés en charge de promouvoir une action « coup de cœur » pour redonner du sens à la lecture… Où sont les adultes ?
À nouveau, ce soir-là, je pense que chacun à eu le sentiment de participer à un processus intéressant de coconstruction, mais reste une question.
En gros, le Conseil de participation donne des avis et propose un projet d’établissement. Donner son avis, cela n’a de sens que si on pense que cet avis peut être pris en compte.
Proposer un projet d’établissement est sans doute ce qui donne le plus de sens au conseil de participation. Il est le lieu où vont pouvoir se jouer des actions concrètes dans l’école. Arriver à un consensus entre élèves, enseignants, parents et équipe de direction est un défi majeur.
Ce qui est frappant c’est que le projet précédent proposait des orientations intéressantes, mais sans spécifier de calendrier ni de personnes responsables. La proposition actuelle étant d’avancer sur la concrétisation de ces points, on sent le blocage dans l’équipe enseignante et dans l’équipe de direction. Qui va accepter de porter cela en plus de sa charge de travail actuelle ? Comment mettre en place des projets de formation, de réflexion pédagogique, sans rentrer dans la remise en question des collègues et les conflits potentiels. Certains domaines font manifestement peur : quand les parents parlent de dissocier l’affectif du contenu des cours, tous les enseignants présents acquiescent, mais tous plongent dans leurs notes quand il est question de savoir comment faire et qui prendrait un projet de changement en charge. Heureusement pour eux, il était déjà passé 21 heures.
Il y a, dans cette école, un conseil de participation parce qu’il y a des gens qui ont envie de participer, et des responsables qui sont prêts à ce que les gens participent. Mais la participation est-elle représentative ? On en doute. Pourquoi n’y a-t-il aucun représentant du personnel ouvrier ni de l’environnement social ? Parce qu’ils questionneraient le plus les pratiques de l’école par les angles les plus déconcertants ? Que se passe-t-il quand les gens n’ont pas envie de participer ? Comment peut-on « contraindre à participer » ? Quelle plus-value est-ce que le conseil de participation apporte par rapport à ce qui existait avant ? Qui prendra, un jour, la responsabilité d’évaluer les processus de participation autour de l’école ?