D’un contrat à l’autre

Suivre l’actualité politique n’est pas facile. Même si l’on centre son attention sur la politique scolaire. Comment trouver du sens à la moindre expression d’humeur d’un ministre ou d’un syndicat ? Quel rapport avec les conditions de travail qu’un enseignant vit dans son école ?

D’où l’intérêt de documents qui font la synthèse de ce qui s’est passé au cours de l’année écoulée. Ils permettent de situer dans l’histoire les évènements que rapportent les médias. De se faire une idée sur l’évolution des mentalités autant que des rapports de force.

Pour l’enseignement en Belgique francophone, ce besoin est rencontré, cette année, par deux dossiers, d’une cinquantaine de pages chacun : l’un, de l’agence de presse « AlterEduc »[1]AlterEduc, Dossier : Contrat pour l’école, juin 2005 (sur le site www.altereduc.be)., met l’accent sur les faits et l’autre, de la Revue nouvelle[2]Dossier École : la stratégie du contrat, La Revue nouvelle, n°8, août 2005., rassemble les interprétations d’une dizaine d’observateurs différents.

Au cours de cette année scolaire 2004-2005, le gouvernement de la Communauté française a pris peu de décisions. Mais, autour du contrat stratégique pour l’éducation, devenu contrat pour l’école, il a consulté les enseignants et beaucoup négocié avec les fédérations de pouvoirs organisateurs et les syndicats. Consultations des uns, négociations avec les autres : dans la rubrique « impolitique » de ce numéro de Traces, Abraham Franssen montre que ces deux opérations, différentes et complémentaires, portent les germes d’un nouveau malentendu entre le pouvoir et les enseignants.

Certaines fédérations de pouvoirs organisateurs – Ségec et CEPEONS – sont parvenues à affadir considérablement le projet initial de la Ministre Arena. L’état d’esprit dans lequel elles ont abordé la négociation est exprimé dans la Revue nouvelle par Jacques Vandenschrick. L’inspiration réactionnaire de cet article a, depuis, été dénoncée par la Plate-forme contre l’échec scolaire (à laquelle CGé participe), dans un « droit de réponse » accepté par la revue.

Pour situer ce que les acteurs de la scène scolaire vont dire dans les mois à venir, prenons connaissance des analyses de différents auteurs du dossier de la Revue Nouvelle, qui les conduisent à des conclusions fortes.

Pour Christian Maroy, « la politique scolaire fait un énorme pari sur le travail de prise de conscience qui sera mené auprès des enseignants, particulièrement par des actions de formation, d’accompagnement … ».

De l’idée de bassins scolaires au sein des quels les directions d’écoles gèreraient ensemble les mouvements d’élèves, idée majeure dans le premier projet contrat mais rejetée par les fédérations de pouvoirs organisateurs, Jacques Cornet pense qu’elle sera « … peu opérante si elle n’est pas accompagnée d’une mesure économique convaincante : lier fortement les moyens alloués, aussi bien les subsides de fonctionnement que l’encadrement, à l’origine sociale des élèves … ».

Et Donat Carlier se demande ce qui manque le plus : la confiance (entre gouvernement et enseignants) que suppose un « contrat » ou une délibération sur l’application des réformes dans les écoles. Délibération pour laquelle un lieu existe, qui est trop peu habité : le conseil de participation.

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 AlterEduc, Dossier : Contrat pour l’école, juin 2005 (sur le site www.altereduc.be).
2 Dossier École : la stratégie du contrat, La Revue nouvelle, n°8, août 2005.