Définition (2) de la Pédagogie Institutionnelle

À l’instar de la psychothérapie Institutionnelle et de la socianalyse institutionnelle, une élaboration du concept d’institution s’est effectuée dans le domaine de l’éducation et de la pédagogie en France à partir de 1962. Ce mouvement est toujours vivant.
Dans Vers une pédagogie institutionnelle (1967), Aïda Vasquez et Fernand Oury montrent la filiation de ce mouvement avec le mouvement Freinet. Pour ces auteurs, la simple règle qui permet d’utiliser le savon sans se quereller est déjà une institution. L’ensemble des règles qui déterminent « ce qui se fait et ce qui ne se fait pas » en tel lieu, à tel moment, ce qu’ils appellent « les lois de la classe » en sont une autre. L’institution est alors une règle de fonctionnement. Mais, ces auteurs nomment aussi institution « ce que nous instituons : la définition des lieux, des moments, des statuts de chacun suivant son niveau de comportement, c’est-à-dire selon ses possibilités, les fonctions (services, postes, responsabilités), les rôles (présidence, secrétariat), les diverses réunions (chefs d’équipe, classe de niveau, etc.), les rites qui en assurent l’efficacité ». René Lourau fait remarquer qu’il s’agit là de l’activité instituante du maître (« nous »). Pour ce courant « thérapeutique », l’institution, c’est encore le conseil de coopérative, « clé de voûte du système puisque cette réunion a pouvoir de créer de nouvelles institutions, d’institutionnaliser le milieu de vie commun ». C’est un prolongement de la tradition de « self-government » de l’Éducation nouvelle. La Pédagogie institutionnelle d’intervention de Jacques Pain prolonge aujourd’hui ce courant.
Le Groupe de pédagogie institutionnelle (1964) élabore parallèlement l’analyse institutionnelle sur le terrain de la pédagogie. li est constitué autour de Raymond Fonvieille, Monique Labat, Bernard Bessière, Georges Lapassade, René Lourau et Michel Lobrot qui publie La Pédagogie institutionnelle (1966). Fonvieille se centre sur l’analyse des institutions externes et internes. Pour lui, les institutions externes sont « l’Éducation nationale, avec ses buts avoués ou inavoués, École d’État ou d’une société, avec ses traditions, ses règlements, sa structure hiérarchisée, dont l’analyse est indispensable à qui veut avoir la conscience claire du rôle qu’il joue dans cette institution. Du rôle ou plutôt des rôles, car le maître est à la fois dispensateur de savoir, organisateur de ce savoir, chargé du maintien de l’ordre, mais aussi juge investi d’un pouvoir de sélection, d’orientation, chargé des relations avec les parents, tous rôles que lui assigne l’institution. Mais il est aussi, qu’il en soit conscient ou non, qu’il le veuille ou non, représentant de la société adulte. Si les institutions internes sont les mêmes que chez Oury, l’analyse du fonctionnement du groupe doit déboucher, chez Fonvieille, sur une prise de conscience de l’extension du travail interne à la dimension des institutions de la société globale.
Après 1980, la question est posée d’une pratique de la pédagogie institutionnelle sortant de la classe pour s’étendre au niveau des établissements, et donc se donnant de nouveaux outils (cf. Le ). La pédagogie institutionnelle intéresse alors les éducateurs au sens large et le monde de la formation. Remi Hess, Dictionnaire encyclopédique de l’éducation et de la formation, Nathan, 1994.

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