Ils ont 15 ans, ils sont mignons, ils s’aiment.
Ils ne se lâchent plus. Tels deux papillons dans les murs sombres de l’école, Roméo et Juliette sont a-mou-reux! Ici, là, partout, ils s’embrassent tendrement… pendant que les profs rêvent à leurs amours d’antan.
Adolescence. Tempête. Découverte. Fini l’innocence: c’est la révolution, la liberté, la provocation. Le corps trop grand, les seins trop petits, l’acné mal placé. Pas facile d’être un Roméo, pas facile d’être une Juliette. Alors on vit l’instant présent, même si demain ce sera une autre histoire d’amour. Aujourd’hui, Roméo montre qu’il aime Juliette, Juliette montre qu’elle aime Roméo. Et je te colle un patin glissant juste avant de rentrer en classe, impudiquement bien calculé sous les regards admiratifs, jaloux, gênés, voyeurs, provocateurs, dégoutés, indifférents ou rêveurs. Et je te recolle un patin. Et si j’allais un peu plus loin? Encore un peu plus loin.
Où sont les professeurs, les éducateurs, les directeurs? Seraient-ils figés dans les rêves de leur jeunesse, dans les souvenirs de leurs premiers frisons, dans les découvertes de leurs premières sensations.
Qui va se réveiller? Qui va dissocier l’espace privé de l’espace public? Qui va dire le respect de l’intimité? Qui va entendre la provocation? Qui va dire à Roméo et Juliette qu’ils font partie de la société?
– Dites, Monsieur Roméo et Mademoiselle Juliette, discrétion s’il vous plait!
– Oh… euh …hum… pardon!
Roméo et Juliette entrent en classe avec le sourire de ceux qui savent qu’un prof s’intéresse à eux. Après tout, ça aussi c’est excitant.