Situé à la frontière des communes d’Anderlecht et de Koekelberg, à proximité de la gare du Midi et du « Petit Château »[1] Centre d’accueil pour réfugiés., le quartier où se situe notre établissement est mêlé depuis plus de cinquante ans à l’histoire des diverses migrations.
Les communautés italiennes, espagnoles, grecques s’y sont installées il y a une quarantaine d’années. Fin des années 70, y sont arrivées des familles marocaines et turques. Les autres communautés ayant quitté le quartier, les Marocains restent les allochtones majoritaires actuellement.
Début des années nonante, de nouveaux étrangers ont commencé à s’établir aux environs de l’école. Il s’agit principalement de Polonais, de Roumains, de Roms, de russophones, de Pakistanais, d’Africains subsahariens, d’Albanais et de Yougoslaves. Certains venus en Belgique pour des raisons économiques et d’autres pour y demander l’asile. La communauté marocaine du quartier, quant à elle, a continué à drainer de nouveaux arrivants en provenance du Maroc ou même d’Espagne, première halte sur le chemin de l’émigration.
C’est dans ce contexte que notre établissement s’est trouvé face à une nouvelle population d’élèves allophones. Des jeunes marocains de moins en moins scolarisés en français, au fur et à mesure du développement de l’arabisation au Maroc, mais aussi des adolescents d’autres origines, n’ayant aucune connaissance en français.
Pendant quelques années, ces élèves ont été intégrés dans des classes sans aide spécifique.
Mais en septembre 2000, l’école a ouvert deux premières « classes d’accueil pour primo-arrivants » où l’apprentissage du français langue-étrangère (FLE) a constitué d’emblée l’essentiel de la grille horaire. En septembre 2001, Hazette, ministre de l’Éducation, nous a octroyé pour la première fois une « classe-passerelle » (décret ministériel du 14/06/2001). C’est à partir de ce moment que notre établissement a commencé à mettre sur pied une réelle structure d’accueil pour primo-arrivants qui s’est étoffée ensuite d’année en année.
Les jeunes allophones primo-arrivants francisés dans le pays d’origine sont intégrés dans les classes d’immersion du premier degré (1B, 1A ou 2C) constituées aussi d’« anciens primo-arrivants ». Ce regroupement permet aux enseignants d’adapter leurs cours en suivant le programme à rythme différencié en fonction du niveau de leurs élèves. Au deuxième degré, a été créée une filière d’immersion d’enseignement général – option sciences – dont la grille horaire comporte, entre autres, dix heures de FLE et quatre heures de néerlandais adaptées à des jeunes allophones qui n’ont aucune (ou très peu de) connaissance de la deuxième langue nationale.
Quant aux allophones non francisés, ils sont répartis dans quatre groupes-classe dont l’essentiel de l’horaire permet l’apprentissage du FLE. Une de ces classes regroupe des élèves peu – ou pas – scolarisés dans le pays d’origine. Au terme d’une année d’apprentissage, les jeunes rejoignent une classe d’immersion de l’enseignement secondaire de notre établissement ou une autre école dans la mesure où notre établissement ne leur offre pas la filière qu’ils souhaitent.
Tous les enseignants des classes de français intensif – mais aussi une grande part des professeurs des classes d’immersion – sont formés à une méthode d’enseignement du FLE, la méthode « Pourquoi Pas » élaborée par H. Sagot. Sans une méthodologie adaptée, nous ne pourrions pas mener à bien notre mission.
Dans ces classes pour allophones nouvellement arrivés en Belgique, tous les élèves profitent largement de la richesse culturelle de l’ensemble de la classe. Plus de quarante nationalités se côtoient chez nous. Ainsi, plus du tiers des élèves – les deux sites de l’école confondus – sont « primo-arrivants » ou « anciens primo-arrivants ».
La méthode SGAV « Pourquoi Pas » contribue largement à la création d’une réelle dynamique de groupe au sein des classes. De nombreux exercices permettent en effet le travail en sous-groupes. Les apprenants sont continuellement mis en situation (théâtralisation, réappropriation de l’acquis, etc.).
L’objectif commun – l’acquisition du français comme outil de communication et de scolarisation – rapproche considérablement les jeunes aux horizons très différents, mais qui partagent tous par ailleurs un trajet de vie semblable, celui de l’exil. Ce partage doit avant tout encourager la création d’un code de vie commun et renforcer le sentiment d’appartenance à un groupe soudé. Celui d’adolescents sur la voie d’une insertion dans le pays d’accueil.
Notes de bas de page
↑1 | Centre d’accueil pour réfugiés. |
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