Pourquoi diable les politiques publiques qui sont fondées sur des preuves scientifiques échouent-elles à produire leurs effets attendus ? En analysant l’interdiction du redoublement en première année de l’enseignement secon-daire, mais aussi d’autres politiques qui visent à obtenir des changements dans les pratiques comme le passage de 90 à 80 km/h sur les routes nationales en France, ce livre nous permet de mieux comprendre les impasses de ces politiques publiques. Si vous avez déjà éprouvé, dans votre vie professionnelle ou quotidienne, cette désagréable sensation qu’au nom d’arguments scientifiques, on vous imposait de faire le contraire de ce que votre expérience vous a appris, ce livre est fait pour vous. Plutôt que d’opposer inutilement les bons scientifiques aux mauvais complotistes, les auteurs s’intéressent à ce qui fait la rationalité des acteurs. Cela les amène à expliquer pourquoi les politiques fondées sur des preuves ont peu à peu favorisé les résultats des recherches quantitatives qui visent à produire des résultats généralisables et prédictifs, au détriment non seulement des recherches qualitatives et contextualisées, mais aussi des savoirs issus d’expériences pratiques partagées. Loin de rejeter pour autant l’utilité des recherches quantitatives, Hugues Draelants et Sonia Revas démontrent avec une clarté remarquable, pourquoi les politiques publiques qui visent à obtenir des changements dans les pratiques des acteurs gagneraient d’une part à adopter « une approche révisée et élargie des preuves » et d’autre part à réhabiliter l’inévitable et complexe négociation entre les résultats de la recherche, la politique et les pratiques. Sous peine non seulement d’échec des politiques publiques, mais aussi d’enlisement dans le discrédit réciproque. À lire d’urgence, on baigne dedans…
L’évidence des faits, la politique des preuves en éducation, Hugues Draelants et Sonia Revaz, Éducation et société, PUF, 2022.