L’état des bâtiments scolaires a un impact certain sur la qualité des apprentissages.
L’état des bâtiments scolaires est souvent lamentable. C’est un élément des conditions de travail des enseignants qui contribue à l’image dégradée du métier et à son faible attrait.
Le délabrement contribue pour une part importante à la violence dans les écoles. Car il est perçu par beaucoup d’élèves comme la concrétisation matérielle et symbolique de la violence que la société exerce sur eux[1]Dany Crutzen, chercheuse au CIFFUL, a mené une enquête sur la violence dans les écoles qui montre combien les élèves perçoivent une violence de la société à leur égard dans le délabrement … Continue reading. À cette violence, ils répondent par le vandalisme : cercle vicieux.
Ce problème est souvent abordé seulement en termes quantitatifs, de répartition du budget de l’enseignement. Il faut le poser en termes qualitatifs et systémiques : adéquation des bâtiments au fonctionnement d’une école, compétence des architectes et autres professionnels de la construction, pertinence des contenus et des méthodes de la formation des architectes et enfin développement du mouvement pédagogique parmi les enseignants en architecture.
Certains bâtiments scolaires sont délabrés, d’autres sont relativement adéquats. L’état des bâtiments scolaires est inégal. Et cette inégalité contribue à l’inégalité entre élèves dans la qualité de leur éducation. En matière de rénovation de bâtiments scolaires aussi, la notion de discrimination positive peut s’appliquer.
Définir l'(in)habitable
Pour approfondir cette problématique, il faudrait dresser un cadastre quantitatif de la qualité des bâtiments scolaires, ce qui demande de définir des indicateurs de cette qualité. Et ensuite de les calculer, à partir de mesures et d’enquêtes. Qu’est-ce qui se fait dans ce sens au sein des différents « fonds des bâtiments scolaires » ?
Indépendamment de cette question d’inégalité, on peut dresser une liste des défauts les plus courants :
– Des bâtiments sont délabrés du fait d’un mauvais entretien et du vandalisme. En particulier, la saleté des toilettes de beaucoup d’écoles, véritable problème de santé publique, trouve l’une de ses causes dans cette vétusté.
– Une mauvaise qualité acoustique rend les écoles particulièrement bruyantes et constitue un élément majeur de la pénibilité du travail enseignant : les élèves sont plus bruyants que les occupants d’autres bâtiments, les écoles demandent donc une conception acoustique plus soignée.
– La disposition des locaux ne favorise pas le travail collectif entre enseignants, hors des classes (qui demande de petites salles de réunion), ni leur travail individuel à l’école, entre les heures de cours et de réunion (petits bureaux). Pour les élèves, elle ne facilite pas l’alternance entre un travail en petits groupes et en classes entières (tables et chaises aisément orientables, cloisons mobiles absorbant les bruits). Bref, les bâtiments, dans leur état actuel, ne répondent pas aux besoins de l’auto-socio-construction des savoirs ni de l’exercice collectif du métier d’enseignant.
– Les systèmes de chauffage, d’éclairage et de ventilation ne procurent pas un confort thermique et visuel, ni une qualité de l’air intérieur suffisants. Ils ne répondent pas aux exigences de consommation réduite d’énergie posées par les défis du changement climatique.
Ce dernier défaut n’est pas particulier aux bâtiments scolaires et influence peu la qualité des apprentissages. Il mérite cependant d’être pris en considération parce qu’un travail de rénovation est d’autant plus rentable (ou efficient) qu’il rencontre simultanément des objectifs plus nombreux. Et car l’école peut le mieux contribuer au développement durable en offrant aux élèves qui passent dans ses murs l’expérience vécue d’un cadre bâti de bonne qualité écologique… tout en les conduisant à expliciter cette expérience et cette qualité.
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Notes de bas de page
↑1 | Dany Crutzen, chercheuse au CIFFUL, a mené une enquête sur la violence dans les écoles qui montre combien les élèves perçoivent une violence de la société à leur égard dans le délabrement des bâtiments qu’elle affecte à leur éducation. |
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