Réseau d’information et de diffusion en éducation à l’environnement, le Réseau IDée favorise depuis plus de 20 ans l’échange de pratiques entre différents acteurs. Il s’essaie à faire mouvement… non sans embuches.
La question de « mouvement » est émergente au Réseau IDée. Une enquête récente auprès de nos membres montre leur souhait de voir cette dimension renforcée. Dans notre enquête, nous avions défini le terme « mouvement » comme ceci : participer à une dynamique d’échanges de pratiques et de réflexions afin de contribuer à une réflexion stratégique… notamment en vue d’une action vers les pouvoirs publics sur des contenus en Éducation relative à l’Environnement (Ere). Le Larousse en propose une autre : « Un mouvement, c’est une action collective orientée vers un changement social, politique, psychologique. »
Sommes-nous suffisamment tournés vers l’action ? Suffisamment collectifs ? Suffisamment orientés vers le changement et vers quel type de changement ?
Le Réseau IDée, c’est plus qu’une agence de rencontres, plus qu’un service d’information. Les rencontres et l’information ont pour objectif la participation des citoyens, à tout le moins les démarches pédagogiques qui les préparent à l’écocitoyenneté, que ce soit dans la nature, dans les quartiers, dans les classes, ou auprès des pouvoirs publics.
« Une tension permanente entre ” faire émerger ” et ” tirer “. »
La question du collectif est au cœur de notre travail de « réseautage ». La première motivation des associations membres, c’est leur besoin de rencontres, d’échanges, de co-construction.
C’est aussi dans notre volonté de faire des alliances éducatives[1]Notamment en coordonnant la co-construction d’évènements « intersectoriels » : Colloque « Les champs de l’éducation : graines de changement social ? » (2012) ; Rencontres … Continue reading, avec d’autres acteurs éducatifs issus de l’école, du social, de la citoyenneté, du développement.
Ce travail en réseau pointent certaines difficultés : risques de concurrence et de substitution, inégalités des niveaux d’implication, nécessaires évaluations, volonté de coordination, enjeux de la représentation, difficulté de construire un message commun…
Pour faire réseau, il n’y a pas de recette toute faite, mais des tâtonnements. Le Réseau IDée prend tantôt la posture du liant, de l’accompagnateur, du G.O., du leadeur, en tension permanente entre « faire émerger » et « tirer », entre « partir des besoins et attentes de nos membres » et « faire évoluer les pratiques de terrain et les visions de l’Ere ». Comment équilibrer les apports de tout un chacun ? Des membres et de l’équipe ? Comment et quand permettre de s’exprimer, de confronter les avis et de prendre ensemble un peu de hauteur ?
Il y a les contraintes externes : la question du temps et des outils de communication est cruciale. Le temps est une contrainte forte, les méthodes pour recueillir et échanger les pratiques et réflexions doivent être efficaces, convaincantes pour ne pas tourner à la réunionite ou aux formulaires à distance. Les résultats doivent refléter les tendances existantes ou s’appuyer sur des méthodes valides. Le tout en convivialité… Il y a là un travail d’animation de réseau à développer au quotidien, avec des moments de réussite et d’autres plus décevants.
À chacune des initiatives n’adhère qu’une partie des membres, selon leurs disponibilités, mais également et surtout selon leurs intérêts. Ces intérêts varient au sein de la centaine de membres selon les profils assez hétérogènes, de par les métiers (animation, formation, enseignement, éducation permanente, plaidoyer…), les thèmes (du « changement social » à « l’alimentation durable », en passant par la nature et plein d’autres facettes de l’environnement, toutes en lien les unes avec les autres), les publics jeunes et moins jeunes, en milieu scolaire ou non, les milieux urbains ou ruraux, les méthodes plus ou moins actives…
« J’ai recommencé
comme avant, en
pire, la mort dans
l’âme. »
Avec cette diversité d’acteurs impliqués plus ou moins activement dans l’éducation à l’environnement et dans un contexte sociétal complexe et en évolution permanente, il s’agit d’identifier nos spécificités pour préciser nos angles d’approche, nos objectifs et nos méthodes. En d’autres mots, quelle utopie nous fait avancer, vers quels changements et avec quels moyens pour y parvenir ? L’exercice de s’accorder sur des messages communs à partir de perceptions différentes, d’opinions hétéroclites est difficile. À vouloir donner la parole à tous, le message final devient parfois consensuel et/ou trop dissolu par rapport aux intentions de base, mais on peut dégager des tendances[2]Voir « L’éducation relative à l’environnement (Ere) : pourquoi, comment, pour qui, vers quoi ? »
http://click.in.ua/KH.
S’ajoute à ces questions le sujet sensible de la représentation. Qui va faire la synthèse de ces tendances ? Quelle parole va être portée, par qui et avec quelle légitimité ? Le Réseau IDée, qui tente d’assurer ce rôle et tout au moins de veiller à ce qu’il soit assumé, est interpelé de manière cyclique par ses membres et doit faire évoluer la manière de gérer cette mission de représentation.
Concernant le changement, parmi les acteurs de l’éducation à l’environnement, l’idée de changer les comportements (les petits gestes pour l’environnement) a fait son chemin et est intégrée depuis longtemps (on nous le reproche d’ailleurs). La notion de changement social et sociétal, qui remet en question les bases du système socioéconomique et les rapports de force au sein de ce système, n’est cependant pas encore aujourd’hui pensée ou partagée par tous les acteurs de l’Ere, et certainement pas le « vers où » aller… Le débat interne sur le concept de « développement durable », rejeté par certains, courtisé par d’autres, en est un bon exemple.
Notes de bas de page
↑1 | Notamment en coordonnant la co-construction d’évènements « intersectoriels » : Colloque « Les champs de l’éducation : graines de changement social ? » (2012) ; Rencontres « Environnement, social et santé : à la croisée des chemins » (2013). |
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↑2 | Voir « L’éducation relative à l’environnement (Ere) : pourquoi, comment, pour qui, vers quoi ? » http://click.in.ua/KH |