Ah, s’il suffisait de draguer Maria Renia pour en finir avec le professionnel, je me porterais volontiers volontaire. Fantasmons : on en finit avec le professionnel, on garantit un tronc vraiment commun pour tous et on garde du professionnel les meilleures expériences pédagogiques pour en faire profiter tous les élèves. Fantasme, d’accord ; vous préférez cauchemerder peut-être ?
Car le qualifiant disqualifie et le professionnel, c’est celui du chômdu. Inventés pour ça ! On prend pour les parquer tous ceux qui ont plus besoin que les autres de français, de maths, de cours généraux et on leur en donne moins. Ils ont du mal avec l’abstrait, on leur donne du concret. Il n’y a pas de profession sans intellect, on en fait des manuels. Il n’y a pas d’emploi manuel, on sacrifie toute leur éducation à un métier qu’ils n’exerceront pas. Ils ont besoin d’excellence, on leur impose de renoncer.
Renoncer, c’est bien cela qui est proposé, dans les programmes, aux enseignants, aux élèves. Quelques procédés en guise de démarches, quelques techniques en guise de compétences, quelques bricolages en guise d’apprentissages. La connaissance et la culture au rabais, forcément ça rabaisse. Alors, on renonce encore plus. Il ne reste que la relation. Et le relationnel, ça finit par péter à la g… de tout le monde.
Il y en a pourtant qui ne renoncent pas, car, même avec ces gens-là, Monsieur, le Beau, le Grand, la Culture, ça peut marcher. Faire du théâtre avec Ana, peindre sur soie ses mots de soi, aller de Faudel à Flaubert, poser de vrais problèmes, s’impliquer collectivement dans l’amélioration du quotidien… voilà le vrai métier. Mais pour combien de temps et pour quels résultats collectifs ?
Finalement, écrire un édito, c’est pas marrant : je ne tiendrai pas quinze ans !