Plus les électeurs ont besoin d’allocations sociales et moins besoin de réformes fiscales, et plus ils votent pour ceux qui leur proposent l’inverse. Ils votent généreusement contre leurs intérêts et pour les intérêts des autres : ça, ce n’est plus de l’émancipation, mais de l’aliénation.
Bien sûr, vous connaissez tous des professions libérales et des indépendants qui ont voté Didier : là, ce n’est plus ni de l’émancipation, ni de l’aliénation, mais du cynisme logique. Déjà trois concepts émancipateurs !
Toujours aux présidentielles de 2007, parmi les sans diplôme, 61 % ont voté Sarko et 39 % Ségo, tandis que pour les bacs +2 au moins, 56 % ont voté Ségo et 44 % Sarko. Ségo pour les intellos et Sarko pour les barjos ! J’en reste bobo !
Donc, il suffit d’envoyer tous les ouvriers à l’université et tous les universitaires en usine, et le PS retrouve une majorité absolue. Oui, mais on a déjà essayé et la place Tienanmen a revendiqué l’émancipation…
Mais où je vais moi ? Restons chez nous. Avant, les pédagogies émancipatrices étaient subversives et marginales. Maintenant, les pédagogies émancipatrices sont obligatoires : nous devons « assurer à tous les élèves des chances égales d’émancipation sociale ». De la Ministre à l’élève, en passant par les directeurs et les enseignants, nous crions tous : « Non, mais, tu vas t’émanciper, dis ! ».
Oui… oui. Alors, nous, on l’a fait, et en un weekend encore ! C’était le weekend d’écriture proposé par l’équipe TRACeS, dont vous trouverez les résultats dans ce numéro : des récits et des projets de pédagogies émancipatrices. Et si vous avez raté notre weekend d’écriture cette année, soyez attentifs l’année prochaine, on vous y invite déjà !