Édito

Vous tenez le numéro 200 entre les mains. On ne va pas en faire tout un plat, mais il est beau, non ?

Pourquoi on change ? Heu, parce que c’est plus beau, plus clair, plus agréable à lire et parce que ça se garde plus facilement dans les archives ; mais aussi pour des tas d’autres raisons dont je ne pourrais vous parler que dans l’intimité, la confiance et le respect mutuel, équitable et suffisamment durable pour que ça vaille la peine d’un abonnement biologique. Mais là n’est pas le sujet.

Pourquoi on apprend ? Telle est la question ! C’est une bonne question, non ? Et pourtant, on ne se la pose pas souvent, et même quand on se la pose, on a du mal à vraiment y répondre, on contourne, on détourne et on se retrouve à expliquer comment on apprend. Toujours et encore comment. Là-dessus on est intarissable, imbattable même. Mais pourquoi on apprend… ? On apprend pour apprendre !

C’est toujours comme ça avec les « évidences », il y a des carapaces, des tours de passepasse et des évitements, alors il faut revenir dessus, insister, remettre le doigt là où ça fait mal et, gentiment, répéter la question : « Oui, mais, pourquoi ? » Et ce n’est pas gai de se rendre compte que ça fait une carrière (petite ou grande) qu’on pousse, grince et tire sur des élèves pour qu’ils se mettent à bosser, des années à écrire « travaille, vas-y, mets-toi au boulot, ça ne dépend que de toi », des années sans se poser cette simple question : mais pourquoi diable ? Non, pas « en général ». Non, lui, là, celui-là, avec tout ce qu’il trimbale, tribale et tintamarre, tout ce bruit qu’il fait à nos oreilles fermées, tous ces infrasons de classe et de déclasse qui brouillent tout ce que nous avons mis en place dans la classe en nous posant la question « comment ? »

Ce numéro donne la plume à quelques oreilles attentives qui poursuivent les pourquoi pour peaufiner leurs comment, il prête aussi le burin et le marteau à quelques pourfendeurs d’évidences et vous propose quelques belles rencontres. De quoi entrouvrir la porte sur des comment travailler le pourquoi. Mais bon sang quelle frustration ! Il y a tout un continent à explorer derrière cette question. C’est comme être dans la caverne de PLATON et jeter un œil dans le rétroviseur. Et vlan !, il n’y a plus de rétroviseur et on n’est même plus sûr qu’il y en avait un… Mais heureusement, un Traces, maintenant qu’il est plus beau et plus rigide, ça peut se garder et donc se relire !