Édito

Le loup est assis sur une balançoire. Il regarde ses chaussures et il pleure. Elles sont rouges.

Et hop ça y est : sous votre crâne un peu ridé, ça détecte, ça comble, ça fait des inférences, ça élabore, ça intertexte, ça imagine et déjà le plaisir point, l’envie dévorante de tourner la page avant la petite clochette vous ronge et vous vous êtes déjà construit une image mentale du Petit Chaperon rouge. Ça baigne : la température de votre corps a légèrement augmenté, les impulsions électriques idoines chatouillent les zones cervicales du plaisir et, bientôt, vous aurez oublié que le robinet de la cuisine fuit, que les multinationales ne paient pas d’impôts et que le chien de votre voisin déjecte devant votre porte toutes les nuits. C’est tout juste si vous ne battez pas des mains en trépignant d’impatience à l’idée de communiquer tout cela en classe.

Les grands yeux émerveillés, les hoooo, les haaaa, un pur moment de bonheur. Admiration !

Pour qui ? Et qui a appris ? Qui a pris confiance ? Qui a compris ? Et comment on fait pour qu’en plus du bain de jouvence, chacun puisse y grignoter son chemin de bon lecteur ? Voilà une autre paire de branches.

Le prof est assis sur un banc. Il regarde son livre et il pleure. Il est déchiré.

Qui ça ? Le livre ou l’enseignant ? Et hop ça y est : les zones idoines s’activent et c’est reparti, l’envie dévorante d’en savoir plus et de comprendre.

Indices : Ce n’est pas gagné d’avance, il y croyait trop, et ça peut faire mal. Mais il s’en sortira.

Intertextualité : Tous capables !, Waterloo, Waterloo, morne plaine… et vae victis.

Contexte : Je suis en retard ! Je suis en retard !

Perplexité : Mais que vient faire le lapin dans tout cela ?

Et hop, l’intérêt des lecteurs est relancé !

Laissez tomber l’édito et tournez la page camarades. Diling, diling !