Aux dernières nouvelles, elles auraient disparu ! Avis de recherche, peine perdue. Bon débarras ! Après tout, on ne va pas s’en plaindre ! C’est pas rigolo les classes sociales. Ça sent la lutte sociale, la misère, la tuberculose, le stupre et l’inculture. La sueur et le mauvais vin. Ça fait même un peu « révolution » comme on disait avant. Y a plus de révolution non plus. On a des « printemps » maintenant.
Ce qui compte vraiment, c’est le destin individuel. Chacun, chacune est unique. C’est quoi cette manie de faire des catégories et de mettre tout le monde dans le même sac pour insister sur les différences, les inégalités, les dominations ? Misérabilisme nostalgique de vieux communistes aigris. N’y a pas que l’argent dans la vie et on est en démocratie, merde ! La souffrance de Pierre-Edouard vaut bien celle de Cindy. On est tous dominés à un moment ou un autre, non ? C’est dur pour tout le monde, point à la ligne.
D’ailleurs, vous en avez déjà vu, vous, des classes populaires ? Des Arabes, des Turcs, des Polonais, des Roumains, ça oui. Des SDF, des alcooliques, des handicapés, des loosers, des chômeurs, des sans-papiers, des voyous, des hyperactifs et des dyslexiques dyscalculiques, on en a tous vu. Mais des bourgeois et des classes populaires, non. Pas en vrai. Peut-être dans des films italiens des années cinquante ou dans les livres de Dickens. Mais là, maintenant, c’est devenu bôôôôôôôcoup plus complexe ! Tout est mélangé. Elles peuvent aller se coucher les classes sociales, complètement dépassées.
On les a réveillées pour vous. Ce n’est pas qu’on y tienne par-dessus tout, mais, franchement, ça aide à comprendre. Bien mieux d’ailleurs que les catégories « d’origine étrangère » et « ne parle pas français à la maison », ou « délinquant », « parents qui s’en foutent », « sans repère et sans limite », « grossier personnage », « fainéant », « chômeur professionnel » ou « sans culture générale ». C’est moins misérabiliste qu’on ne le pense de parler de « classe populaire ». À une époque, ça faisait même de la fierté. Bon d’accord, ça fait peur, mais à qui ?!