Alors, tous capables d’écrire un édito ? Voilà en tout cas un dossier idéal pour s’y essayer une première fois. Mais dire Je suis capable, le penser, y croire, ce n’est pas encore l’appliquer. Une fois l’engagement pris pour cet édito, j’ai longtemps repoussé le moment de m’y mettre. Et si je me plante ? Si je me ridiculise ? En tant que prof, je devrais être capable de dépasser mes peurs pour apprendre, sinon, comment vais-je aider mes élèves à débloquer les leurs ? D’autant qu’un comité bienveillant me soutient et me fait confiance… Allez, fini de procrastiner, je fonce, je retourne dans les articles pour m’inspirer, relever les réflexions et questions qui me taraudent comme ce prof qui se demande : « Qu’est-ce que j’ai, moi, raté avec cet élève ? » Et cet autre qui répond : « Pas de construction sans expérimentations, sans réajustements. » Tout au long du dossier se succèdent les propositions pour que la profession de foi Tous capables devienne réalité : questionner sa manière d’évaluer pour traduire les possibles plutôt que les échecs, renoncer au rassurant Il n’est pas fait pour…, prendre en compte l’influence déterminante des stratégies (ou absences de stratégies) des parents dans le parcours scolaire des enfants ou démonter le mythe de l’orthographe exemplaire de nos grands-mères toutes capables d’écrire sans faute… Tous capables, ce n’est pas Tout, tout de suite et certains profs prennent le temps de reconnaitre les écarts de compétence entre les élèves pour comprendre par où et comment continuer à avancer avec eux quand d’autres, dans un Cefa, par exemple, redonnent confiance à des élèves si abimés par la vie qu’on ne parvenait plus à voir par où les rendre plus capables. Dans un système scolaire qui trie dans des filières hiérarchisées, comment résister aux étiquettes qui figent les élèves dans leurs capacités supposées (ou en tout cas valorisées par l’école) ? C’est aussi l’art de la posture du maitre qui doit se méfier de la manière dont il considère ses apprenants, qu’il les affectionne ou pas. Croire au Tous capables amène finalement à se demander : à quoi sert l’école ? À quoi voulons-nous qu’elle serve ? Tous capables, oui, mais, pour faire quoi ?
Comité de rédaction