Édito

Ils sont mimi, elles sont super. Il s’agit bien d’un métier où la très grande majorité sont des femmes. Ils sentent bon la lavande, la salive et les couches-culottes plus ou moins garnies. Ils rient, pleurent et chantent ; ils apprennent à vivre ensemble, améliorent leur langage, découvrent l’écriture, développent leur capacité à comp- ter. Elles sentent bon la vanille, les encouragements et les rappels à l’ordre. Elles instituent un cadre de vie, planifient des activités variées, cognitives ou non ; elles veillent à faire germer toutes ces petites graines et soignent les jeunes pousses avec le plus grand soin. Les difficultés existent bien sûr, le présent TRACeS en fait écho, en parallèle avec des récits de pratiques et des prises de distance. Et quelques grandes questions sub- sistent…

À la sortie de l’école, Madame Véronique signale aux parents d’Emma le refus de la petite de s’investir dans les activités d’écriture et autres apprentissages cognitifs. Après un certain temps, les parents comprennent que chaque fois que l’institutrice parle de travail, ça coince. Alice est là pour jouer et rien d’autre. A-t-elle vraiment tort ?

Les parents de Noah ont été convoqués chez Monsieur Psycho. Le petit commence ses mots par la droite et rencontre pas mal d’autres problèmes. Il faudrait le faire suivre par un logopède. Mais les parents ont peur que la potion supposée réparatrice ne soit qu’un breuvage repoussant. Faut-il vraiment préparer les enfants à l’uni- versité ? Y a-t-il des prérequis indispensables au passage en première primaire ? Y a-t-il donc des retards ? L’école maternelle est-elle plus importante encore pour ceux qui ont ces prétendus retards, pour ceux qui sont issus de milieux populaires ? N’induit-on pas un tri ? Noah est-il vraiment mal parti ?

Jugeant que l’école et le milieu familial ne doivent pas apparaitre à l’enfant comme des mondes opposés, mais des univers complémentaires, Madame Christine cherche à mettre tous les parents dans le coup pour en faire des partenaires. Mais d’aucuns rejettent tandis que d’autres freinent. Et Madame Christine s’interroge : comment faire le lien ? Est-ce le travail de l’institutrice ? Est-ce souhai- té ? Est-ce indispensable ?