Changer d’air, courir, ralentir, s’arrêter, observer, analyser, comprendre. Sortir de l’école ? La formule pour avoir le vent en poupe reste aussi complexe à mettre en place qu’à généraliser…

Bien sûr, et on le verra dans ce numéro, si l’enjeu, c’est de sortir, pas besoin d’aller bien loin. On peut profiter du soleil d’hiver pour travailler avec les ombres, et puis les rencontres peuvent aussi se faire tout près, sur le trottoir d’en face.

Si la situation sanitaire des deux dernières années a mis en exergue les inéga-lités sociales entre élèves dans et hors de l’école, en rendant quasi impossible l’organisation des sorties, elle a mis en évidence le fait que l’égalité se ques-tionne aussi dans l’accès de tous à ces sorties, car celles-ci sont couteuses. Du côté des familles, en termes d’équipements, de prix d’entrée et de transport… Du côté de l’école, en termes de planification, d’encadrement, d’énergie, de prise de risques… Et leurs mises en place, quasi absentes des programmes, varient selon les écoles, les régions, les réseaux. Cela repose souvent, finale-ment, sur la volonté individuelle de certains professeurs.

Les élèves apprécient les sorties scolaires parce qu’elles leur donnent l’occasion de tisser autrement les liens qui les unissent ou qui les isolent. Et hors de l’école, ils n’ont pas l’impression de travailler. Mais qu’est-ce qui fait sortir les profs de leurs classes, pour prendre le risque d’arpenter pavés, bois, musées, les abords de rivières avec ce paquet de marmaille bruyante ? Ils sortent pour réaliser des enquêtes, pour se mettre au vert, repenser les liens avec le vivant, repenser le rapport à l’histoire, se confronter au réel ou à ce qui médiatise le rapport des élèves au monde… Pour laisser, dans toutes les chaussures, ce même petit tas de sable gris… La sortie, parce qu’elle se dé-gage du discours et s’évertue à prendre d’autres chemins d’acquisition du sa-voir, fait et défait les évidences de ce que faire classe signifie…