Édito 255

L’enseignant est sans machine, c’est un artisan, apparemment.

Il est pourtant une véritable machine, bruyante et mécanique, qui structure son travail, le rythme et le contraint. Mais il ne la voit plus parce qu’il est dedans. Elle est son travail, à son insu. Il occupe son poste, actionne la machine en permanence sans conscience de son existence.

Elle s’impose comme une évidence, la logique de mort silencieuse des engrenages fait son œuvre et, à force, il s’y est habitué. L’évaluation classe, trie, rejette, accepte, façonne parce que nous acceptons d’être un rouage de la machine. Mais avons-nous le choix ?

En tout cas, pour certains, « dans les interstices de ce glissement gris », (…) « quelque chose dans le corps et dans la tête » (…) « s’arc-boute contre la répétition et le néant [1]Robert Linhart, L’établi, 1978.». Ça commence quand on veut. Prendre conscience de la machine en écrivant ce qu’elle nous fait et nous fait faire, tenter le coulage, mettre le doigt dans l’engrenage, faire le grain de sable, s’inspirer des autres, accepter de changer sa pratique, arrêter de mettre des points ou en mettre tellement que la machine se coince, et partir à la recherche des difficultés d’apprentissage des élèves, comprendre ce qui fait obstacle dans le dispositif pour l’élève, observer le travail de l’élève pour le comprendre… comme un grain de sable. C’est un peu l’espoir de ce dossier de TRACeS… de ChanGements.

Nous avons tenté de glaner des pratiques soit pour mieux les connaitre, les identifier, soit pour donner à voir des questionnements de collègues, leurs agacements et leurs tentatives de pervertir les systèmes de notation, de gripper les rouages de la relégation. Modestement, mais consciemment.

Et si on s’y mettait toustes ?

Notes de bas de page

Notes de bas de page
1 Robert Linhart, L’établi, 1978.