Édito 259

Pour comprendre ce que sont les ombres solaires, Sophie emmène ses élèves de 3e maternelle sur les Coteaux liégeois, mais c’est un gastéropode en escalade sur une brindille qui attire les enfants. Une fille ? Des antennes ou des yeux ? Catherine met en œuvre une séquence tip top qui amène les enfants à battre le rythme des syllabes de noms d’animaux, mais tout ne se passe pas comme prévu… Au-delà des kangourous (trois syllabes), ça cale !

En physique, Léa a déposé des pastilles de cire à intervalles réguliers sur une latte qu’elle chauffe à un bout, mais toutes fondent en même temps. Raté ! Tandis qu’en chimie, Émile a préparé une solution violette de permanganate de potassium qu’il dilue dans l’eau, redilue… Jusqu’à espérer obtenir une seule molécule ? Encore raté !

Pour réussir sa première secondaire, Helena veut mémoriser la solution des 25 équations qui lui sont données et elle se fout de ce qu’on lui explique sur les façons d’isoler x. Tandis qu’Aïcha reste perplexe devant les règles du calcul littéral malgré le matraquage intensif qu’elle subit. Pourquoi tant de haine ?

Avec ses élèves de 2e secondaire, Habib débat de la demande de Sissa au roi des Indes de déposer un grain de riz sur la première case d’un échiquier et de doubler la mise à chaque case. Fadi, Berfin et les autres, comptent, conjecturent et argumentent. Vérité ? Erreur ? Arguments ! Confrontée aux lacunes de certains étudiants qui échouent à un examen de math de fin de primaire alors qu’ils veulent devenir instituteurs, Julie s’interroge : didactique ou math de base ?

À tous les échelons, pour les élèves, pour leurs enseignants, même pour Valérie et les recteurs qui se débattent avec la crise de vocations pour les filières scientifiques. Ou pour Caroline et son cabinet qui rament pour sortir des résultats catastrophiques de certains élèves et de certaines écoles au CEB ou aux tests internationaux Pisa.

Ça foire partout. Même dans les manuels qui mènent les élèves par le bout du nez au mépris de leur autonomie de pensée, qui déguisent des activités peu ragoutantes pour les faire avaler en dépit du sens, voire même qui trompent par des preuves incomplètes ou erronées.

Ça foire dans la culotte ou dans les bottes et c’est galère : échec pour l’enseignant, dégout pour l’élève. Ou ils en foirent et ils en sortent : modification de parcours didactique pour les uns, apprentissage pour les autres.

Comité de rédaction