Édito 261

Écrire, à l’école, ça concerne trop souvent uniquement le cours de français. Comme si l’écrit n’était qu’un apprentissage parmi d’autres et distinct des autres.

Pourtant, quel que soit le cours, l’élève doit avoir de quoi écrire. Pourtant, à l’école, tout le monde semble tenir pour une évidence que l’écrit est un outil indispensable pour les apprentissages. Pourtant, le manque de maitrise de l’écrit est souvent cité comme un obstacle majeur, voire rédhibitoire, aux apprentissages, et une cause des faibles taux de réussite dans l’enseignement supérieur.

L’usage écrit de la langue pour comprendre, apprendre, s’éprendre et démontrer semble trop souvent considéré comme un allant de soi. Un acquis par ailleurs sans que cet ailleurs ne soit jamais nommé. Si bien que, dans les pratiques et les attentes spécifiques de ses professeurs, dans la diversité des usages pertinents et efficaces de l’écrit selon les disciplines, l’élève est amené à agir par intuition et en autodidacte dans le meilleur des cas, ou à faire le constat de son impuissance. L’écrit agit alors comme une marque de distinction et un outil de sélection, non seulement au moment de la production d’écrit, mais aussi tout au long des processus d’apprentissage et dans toutes les disciplines. Parce qu’il est trop souvent laissé aux bons soins de l’élève qui est censé y trouver progressivement du plaisir. Parce qu’il est trop souvent réduit à l’apprentissage de normes et de formes dans le cours de français qui vaudraient pour toutes les disciplines.

L’apprentissage par tous les élèves des usages spécifiques de l’écrit que les enseignants attendent d’eux est donc un réel enjeu.

Nous faisons l’hypothèse que c’est un enjeu pour toutes les disciplines scolaires, dès l’école maternelle et tout au long des apprentissages. Nous faisons l’hypothèse que ces questions soulèvent des défis semblables dans les différentes disciplines, mais y prennent des formes différentes. Et, nous avons l’intuition que les aptitudes, les modèles attendus sont trop peu souvent explicités et donc trop peu souvent aussi objets d’apprentissage.

Ce dossier cherche à débroussailler le terrain et à ouvrir la réflexion sur ce sujet en vous proposant des pratiques concrètes qui tentent de faire progresser ces apprentissages, en soulevant aussi des malentendus qui risquent d’y faire obstacle et en dépliant les raisons pour lesquelles ça vaut vraiment le coup de s’y atteler, même si ça prend du temps.

Écrire pourquoi nous avons fait écrire pour montrer l’importance d’apprendre à faire écrire partout, de comprendre pourquoi on fait écrire et donc de faire écrire sans considérer que ça va de soi était un vrai défi!