Tout change et rien ne bouge. Ou si peu.
Entre l’élève de 1983 et celui de 2013, quelle différence ! Les centres d’intérêt, les moyens de communiquer, les intuitions, les façons de penser, les capacités de mémoriser, d’argumenter, de raisonner, tout a évolué. Pas vraiment dans le sens d’une baisse de niveau comme d’aucuns le pointent, mais des glissements se sont opérés.
Entre les programmes scolaires de 1983 et ceux de 2013, il y a beaucoup plus que des nuances. Des modes induites par des injonctions patronales, inspirées de réflexions universitaires, parfois même forcées par des mouvements pédago-giques, guident les prescrits de l’institution scolaire.
Comme l’enseignant de 1983, celui de 2013, répète inlassablement que certains élèves ne travaillent pas, que d’aucuns ont de petits moyens, qu’un tel lui a fait ceci et que tel autre l’a déçu.
Après avoir décrété que l’enfant devait être acteur de son apprentissage, on a décidé que le savoir ne suffisait pas, qu’il fallait pouvoir l’appliquer et le transfé-rer. Mais entre les cours et le discours, le fossé reste. «
Yaka imposer, yaka ins-pecter ! » chantent les décideurs. « Lèyans pihî l’mouton ! » répondent, en chœur, les enseignants.
Aujourd’hui pour recadrer les enseignants déboussolés, on remet les savoirs à l’honneur. Quelque chose qui ressemble à un vieux plat mijoté qu’on a assaison-né avec des épices pédagogiques postmodernes : les unités d’acquis d’apprentissages. Elles seront « certifiables », capitalisables et munies des op-tions applications et transferts pour ne pas oublier les compétences
La question des savoirs et des compétences, qu’elle soit vue sous l’angle d’une fausse guerre ou sous l’angle d’un mariage réussi, éclipse deux éléments essen-tiels et prioritaires à débattre. Tout d’abord, quels sont les finalités de l’école et les objets d’étude ? Que vise-t-on, quels problèmes traite-t-on en français, en maths, en sciences, en langues, en sciences sociales ? Ensuite, quelles pratiques pédagogiques mettre en place pour faire réussir un plus grand nombre d’élèves ?
Comité de rédaction TRACeS