Autant prévenir le lecteur étranger qu’il s’agit d’une histoire belge avec, comme il se doit, un brin d’inventivité, une bonne dose de surréalisme, un certain sens du compromis et beaucoup de complexité. Pour entrer dans le secondaire en première année « commune », il faut sortir du primaire, et c’est le cas d’un grand nombre d’élèves.
Mais il y a ceux qui n’ont pas réussi l’examen externe adressé à tous les élèves de sixième primaire et qui n’ont pas le CEB (certificat d’études de base), ils entrent au secondaire par une petite porte dérobée à l’arrière de l’institution et se retrouvent dans une classe spéciale, la 1D (première différenciée). Ils repasseront l’examen l’année suivante.
Puis, il y a des élèves qui sont entrés par la grande porte et qui sont en difficulté au terme de la première année secondaire, on les cache à l’arrière du bâtiment dans une autre classe spéciale, la 1C (première complémentaire). Ils y retrouvent certains parmi ceux qui ont réussi leur CEB après la 1D. Au terme de cette 1C, tous doivent réintégrer une deuxième commune.
Et ce n’est pas tout… Parce qu’il y a des classes 2D pour ceux qui ont encore raté la grande porte. Parce qu’il y a des classes 2C pour ceux qui avaient émergé de la première année commune, mais qui ont des difficultés en seconde. Parce qu’il y a encore des élèves qui viennent de l’enseignement spécial…
Et le plus grave, c’est qu’entré par la petite porte et reboosté par D, ou même entré par la grande porte et regonflé par C, il y en a qui n’en sortent jamais.
Imaginez une école souple dans laquelle on donne moins de cours classiques en petits locaux fermés, mais où les élèves ont plus de temps de travail individuel et collectif en autonomie. Imaginez que ce travail se fait sous la présence bienveillante et la guidance éclairée d’enseignants, dans un lieu spacieux, calme, accueillant et muni d’outils de référence. Imaginez que chacun puisse suivre un rythme propre, faire certains choix dans les branches travaillées pour accéder à des paliers qu’il s’est fixés en accord avec un éducateur. C’est trop simple pour être belge ?