Edito

TRACeS 252

Cinquante ans de démarches ! Il y a celles que ce numéro propose pour changer la classe, l’école, la société au quotidien. Mais cet anniversaire invite à évoquer d’autres démarches qui jalonnent le parcours de CGé et sont constitutives de son identité.
Au départ, dans la foulée de 68, des enseignants de tous niveaux et de tous réseaux décident de bousculer les vieux appareils pilarisés et de s’organiser pour changer le métier et l’école. Rien que ça !
Originalité 1 : le pluralisme. Alors que, à l’époque, le poids des réseaux divisait le monde enseignant et que tout avait été fait pour opposer les travailleurs de l’enseignement les uns aux autres.
Originalité 2 : l’éducation permanente. La nouveauté consistait à sortir des recyclages par matières et à proposer des ateliers de formation qui ouvrent de nouveaux horizons et fondent de nouvelles solidarités. Ce sont les Rencontres pédagogiques d’été (RPé) où se côtoient des enseignants de tous niveaux et réseaux ainsi que des acteurs associatifs.
Originalité 3 : la priorité accordée aux luttes contre les inégalités scolaires. C’est Échec à l’échec (aujourd’hui, TRACeS de chanGements) et aussi une approche positive des apports des enfants et des familles issues de l’immigration. Égalité et interculturalité : un mouvement qui devient sociopédagogique.
Originalité 4 : la dimension politique. Une préoccupation constante de sortir des corporatismes et de sensibiliser un large public à la nécessité de transformer profondément le système scolaire. L’école, c’est l’affaire de tous !
Originalité 5 : en front commun. Avec une multiplicité de partenaires : les mouvements pédagogiques, les mouvements populaires, le monde associatif, les syndicats (parfois), accentuer la pression sur le politique pour que les règles et priorités éducatives changent. Des missions de l’école aux zones d’éducation prioritaire… jusqu’au Pacte.
Voilà quelques-uns des combats qui ont été menés, au fil des années, par des militants et sympathisants qui ont tenu le cap… en ne se privant pas d’inventer des modalités nouvelles et des accents nouveaux.
CGé n’a pas fait la révolution. Mais la force et la permanence de l’engagement du mouvement ont largement contribué à imposer sur la place publique et dans les arènes politiques les grands défis d’aujourd’hui et de demain en matière d’éducation :
– une école citoyenne où la solidarité l’emporte sur la compétition “;
– une école qui développe chez tous la capacité de penser par soi-même “;
– une école qui prépare à devenir des acteurs de changements “;
– un tronc commun pour plus d’égalité.

Jacques Liesenborghs, un des pionniers en 1970