Es-tu présent aux cours en ligne ?

Les cours à distance dans l’enseignement supérieur ont suscité de nombreuses réactions. Pour mieux comprendre notre vécu, plongez-vous dans notre quotidien d’étudiants en formation d’enseignant.

Depuis des semaines, des mois, j’ai cours à distance. Je me réveille vers 7 h 45 au lieu de 6 h 30, je gagne donc plus d’une heure de sommeil. Chaque jour, je mange, je me brosse les dents. Et hop, à peine réveillée, j’allume l’ordinateur et me connecte au cours. Comme tous les matins, aucun élève ou presque n’allume sa caméra. Comme moi, ils viennent surement de se lever.

D’heure en heure

Au début du cours, j’écoute, j’essaye d’être attentive et de noter. Les minutes passent, cela devient déjà long devant l’ordinateur. Je regarde alors mon téléphone à peine deux minutes, et là je perds complètement le fil du cours. J’essaye de comprendre ce qui se dit, mais c’est assez difficile. J’arrive à me remettre au travail quand, tout à coup, la sonnette de la porte retentit. Je quitte un instant mon bureau pour aller ouvrir, le facteur me sourit avec un colis. Je viens vite me rassoir et ça y est, encore une fois, c’est dur de se raccrocher au cours. Ce professeur est tellement difficile à comprendre, surtout à distance… Si seulement mes amis étaient là, ils auraient pu m’expliquer. Heureusement que certains enseignants se bougent pour nous rendre acteurs durant les cours à distance, sinon je serais déjà déscolarisée.
Je commence à réfléchir à toutes les choses que j’aimerais faire aujourd’hui. Est-il possible de faire les deux à la fois ? Non, il faut que je me concentre ! Oui, mais si j’attends trop longtemps, je n’aurai pas mes cadeaux de Noël à temps ! Bon d’accord, j’essaye d’écouter et en même temps, j’essaie de faire mes achats rapidement !
Bon, ça suffit, le cours ne dure plus que dix minutes, concentre-toi !
Soudain, l’image se fige et je n’entends plus rien, tout devient incompréhensible. Mince, cette connexion a encore planté et ce n’est que le début de la journée ! Bon tant pis, et puis de toute façon, je mérite bien une petite pause, j’en ai encore jusqu’à 17 heures…
Agacée, je retourne à mon ordinateur. Les cours continuent, je commence à avoir faim. Les vingt dernières minutes, je prépare mon repas tout en écoutant d’une oreille la fin des explications.
Une pause bien méritée. On continue avec un travail de groupe, j’espère que les autres membres se connecteront cette fois. Une interaction sociale fera du bien au moral !
Cette après-midi changeait de l’ordinaire, mais, malheureusement, mes maux de tête dus aux écrans reviennent. Vite profiter de ma soirée et aller me coucher.
Et le lendemain même routine…

Du positif et du négatif

Quand on a des cours à distance, on est chez soi avec la tenue de son choix, à l’endroit qu’on préfère dans la maison pour travailler. On a la liberté de faire autre chose sur le côté comme boire un café ou autre. Et on gagne un temps considérable ! Plus besoin de se déplacer jusqu’à l’école, d’être dans les embouteillages, dans les transports en commun. On peut se réveiller plus tard tout en étant sure d’être à l’heure au cours.
Mais les vidéoconférences rendent les interactions plus difficiles, la forme est souvent celle de cours ex cathedra et l’élève, dans ce système, doit apprendre à s’autogérer avec moins d’accompagnement. Et ce n’est pas inné ! D’autant plus que les cours en ligne peuvent être perturbés par des problèmes techniques : une mauvaise connexion, de mauvais réseaux, des pannes d’ordinateurs ainsi que le manque de compétences concernant l’utilisation des outils.
L’environnement de travail peut également être une source de distraction lors des cours à distance synchrone (en direct). Les outils numériques permettent de faire plusieurs choses en même temps. On peut être présent physiquement (devant la caméra), mais ailleurs mentalement.
Mais ce qui manque le plus, c’est le lien social, les lieux et les moments où on se retrouve entre étudiants. C’est une motivation supplémentaire de se retrouver entre amis à l’école.

Des pistes de solutions ?

Bien que favorisant le confort individuel, l’enseignement à distance a conduit un nombre incalculable d’élèves dans l’embarras. Solitude, distraction, difficultés de motivation, problèmes techniques, une multitude de facteurs que connaissent trop bien les étudiants actuellement. On leur demande de faire preuve d’autonomie, de concentration et d’écoute dans un cadre non professionnel, se déroulant dans leur environnement privé. Toutes ces situations, ces difficultés mènent à l’absentéisme, qu’il soit physique ou mental. Les professeurs devraient proposer à l’élève des alternatives telles que du travail individuel ou en sous-groupes pour le rendre plus acteur de sa formation.
Il est important de penser au monde d’un point de vue pédagogique, pour pouvoir développer le potentiel de chaque élève. Les former dans les meilleures conditions est la priorité, ils sont l’avenir de la société.