Dans une autre école secondaire de Bruxelles, enseignement général, technique et professionnel, le directeur donne son avis
Je suis un peu étonné de l’ampleur médiatique donnée à ce système de contrôle par empreinte digitale. En réalité, l’entrevue avec le délégué commercial de la société nous a permis de reconnaitre dans cet appareil une sorte d’horloge pointeuse, sans plus. Et pas du tout un système de sécurité.
Premièrement, parce qu’il ne commande pas l’entrée dans le bâtiment, n’étant pas relié au système d’ouverture de la porte. Il ne sert qu’à enregistrer l’identité des personnes listées dans la mémoire de l’appareil. Un inconnu peut donc se présenter et, qu’il mette son doigt ou non sur l’appareil, rien ne peut l’empêcher de passer si ce n’est un moyen habituel de contrôle (ouvre-porte, caméra, portier…). Cet appareil ne peut servir qu’à remplacer la prise d’identité habituelle des élèves présents dans l’école, ceux qui arrivent à l’heure et ceux qui arrivent en retard. Nous n’avons pas adopté ce système parce qu’il ne nous parait pas pouvoir fonctionner seul : il faut un éducateur pour vérifier si tous les élèves qui entrent mettent leur doigt sur l’appareil correctement, s’ils ne mettent pas l’appareil hors d’état de fonctionner, s’ils ne rebroussent pas chemin une fois leur présence enregistrée, etc. Nous ne voyons ni gain d’efficacité, ni gain de temps pour le personnel éducateur chargé de la prise des présences. Peut-être que les écoles qui l’ont adopté disposent d’une configuration matérielle (une seule porte, un sas…) qui en permet un usage efficace.
Deuxièmement, les empreintes digitales enregistrées au préalable (c’est aussi une tâche supplémentaire à effectuer !) sont numérisées. Il est donc impossible d’utiliser ces empreintes pour les comparer à d’autres prélevées de façon habituelle, par exemple sur un meuble, et stockées par la police.
Les remous provoqués par la presse autour de ce système installé dans une école de Liège me paraissent donc inutiles. En ce qui concerne le cout, il a été dit que les écoles avaient fait un choix « sécuritaire » au détriment d’autres projets. Il faut savoir que la société qui propose ce système en fait actuellement la promotion. Son délégué commercial dispose d’une cinquantaine de contrats à prix réduit (très réduit : 1000 euros au lieu de 25 000 !!!) qu’il doit distribuer à diverses institutions, pas seulement des écoles, qui acceptent d’être pendant quatre années des sortes de partenaires utilisables pour la publicité du système. L’offre est donc actuellement tentante ; mais rien ne dit que les écoles dépenseront 25 000 € dans les années qui viennent.
Voilà pourquoi la directrice adjointe et moi-même avons rangé ce truc au rang des gadgets inutiles.
J’ai été récemment appelé par une société -je ne sais pas si c’est la même société ou une autre-, mais j’ai reçu le même type d’offre (système à empreintes digitales, contrat de « partenariat » pour un cout largement réduit, même société française de conception technique : la Sagem, société spécialisée dans la conception de systèmes de navigation aérienne, de guidage de missiles, de détection embarquée sur des avions et des hélicoptères de combat…). La personne qui m’a contacté a présenté sa société au secrétariat comme une collaboratrice de la police et a tout de suite parlé d’intrusions, de violences et de la nécessité d’assurer la sécurité des écoles. Le discours était donc tout différent de la première fois…