Débat introduit par Dan VAN RAEMDONCK, linguiste, Professeur de linguistique française à l’Université Libre de Bruxelles et à la Vrije Universiteit Brussel. Il a entrepris, ces vingt dernières années, une recherche sur la réforme du discours grammatical à l’école (subventionnée jusque 2016 par la Fédération Wallonie- Bruxelles). C’est dans ce cadre que, depuis 2009, il accompagne plus d’une quinzaine d’écoles fondamentales et secondaires au changement de discours grammatical.
La grammaire scolaire, essentiellement orientée vers les performances orthographiques, s’est développée sur un terreau où l’obéissance à la règle était vertu cardinale. L’autonomisation des élèves prônée aux XXe et XXIe siècles ne devrait pas, en saine logique, s’accommoder des mêmes outils. Pourtant, le discours grammatical «actuel» reste doxique, articulé autour de l’orthographe et de son outil coercitif de prédilection : la dictée. Point d’appropriabilité ni donc d’appropriation intelligente à l’horizon, comme en témoignent, pour imparfaits qu’ils soient, les tests PISA et PIRLS.
Nous nous proposons de décrire comment, en vingt années de recherche et de recherche-action, nous avons essayé de faire évoluer le discours grammatical, sa description et sa mise en pratique dans les classes du statut de serviteurs de l’application aveugle de règles incomprises à celui de clés pour la construction et la déconstruction du sens des productions.