Nora, étudiante en 1re année, participe cette année au projet[1]
1 http://goo.gl/hbS07B « De Boekenbende aan huis » organisé par la « Muntpunt ». Elle va lire des histoires à Camélia durant plusieurs semaines. Récits croisés de ce projet.
« Lorsque ce projet de lecture a été présenté dans ma classe (section assistant social), j’ai tout de suite accepté de faire partie du groupe de jeunes qui allait s’y investir. Nous étions une douzaine à vouloir collaborer au projet.
Celui-ci vise des enfants de 3e année maternelle de classes néerlandophones de Bruxelles. Il s’adresse à des jeunes dont les parents sont d’origine étrangère. La langue parlée à la maison n’est pas le néerlandais et bien souvent, les livres ne sont pas un objet familier. L’objectif est double : d’une part, donner envie de lire et d’autre part, enrichir la langue.
Ma première rencontre avec Camélia a eu lieu à l’école. Ensuite, je me suis rendue chez elle. Le plus difficile avec Camélia a été de la faire parler. Je voyais bien qu’elle comprenait tout, mais elle ne s’exprimait pas beaucoup ! Ensuite, elle s’est ouverte, elle venait vers moi, me disait bonjour et elle semblait contente de me voir. Elle me demandait de lui rapporter des histoires de princesses, mais lorsque je n’en trouvais pas, elle était quand même partante.
Camélia est un peu atypique, car même si le néerlandais n’est pas sa langue maternelle, elle le parle assez bien, ce qui n’est pas le cas des autres enfants que mes compagnons de classe ont suivis.
À part le premier jour, nous n’avons aucun contact avec l’institutrice. Le projet a commencé au mois d’octobre et s’est clôturé à Pâques. Des rencontres avec les parents sont organisées en cours d’année, dans la bibliothèque. Nous avons aussi des temps de réflexion avec le responsable du projet avec qui nous partageons nos impressions, difficultés, ce qu’on a retenu ou aimé… »
« Je m’appelle Camélia et j’ai 5 ans. Nora, c’est une grande fille, elle est gentille. Elle a les cheveux bouclés, mais ça ne se voit pas trop quand elle les attache. Elle est venue une fois dans mon école et puis après dans ma maison et on a lu ensemble. C’est elle qui apportait des livres et moi je choisissais. Ceux que j’ai le plus aimés c’étaient « Le bébé avec la moustache » et « La princesse qui n’aimait pas manger ».
On montait dans la chambre de mon frère, car il y a un grand fauteuil. Et quand j’avais faim, ma maman nous apportait des biscuits. J’aimais bien quand Nora lisait. Un jour, elle a apporté un livre de coloriage et on a colorié. Entre nous, on parlait français et néerlandais ; au début pas beaucoup, car j’étais timide.
Maintenant, le projet est fini, mais j’aimerais bien que ça recommence. »
« Ce projet de lecture a été annoncé aux parents via un petit mot dans les fardes d’avis. Je n’y ai pas répondu directement et une amie qui travaille dans l’école m’a téléphoné la veille en me disant qu’elle était fort étonnée que je ne participe pas. Je lui ai demandé son avis et elle m’a expliqué qu’elle y avait inscrit son propre enfant. Elle m’a persuadée en me disant que Camélia n’avait rien à y perdre, mais, au contraire, tout à y gagner, autant sur le plan de la lecture que pour vaincre sa timidité. Certains parents de la classe ne se sont pas inscrits. Je pense que la réticence vient du fait que ces séances de lecture se déroulent dans les maisons et que certains ne sont pas prêts à y accueillir les jeunes adultes lecteurs.
La première rencontre a eu lieu à l’école où le responsable a expliqué le projet à toutes les personnes présentes. Il a ensuite rassemblé les familles et le futur lecteur. Nous avons fait connaissance avec Nora qui a lu son premier livre à Camélia. Cette jeune fille a fréquenté l’école maternelle et primaire de ma fille, ses petits frères et sœurs y sont encore ! On a ensuite échangé nos numéros de téléphone et convenu d’un premier rendez-vous. Elle est venue une heure, une fois par semaine, mais pas toujours au même moment. Nous avons, par exemple, exclu le vendredi car la petite était fort fatiguée de sa semaine et donc moins participative.
Après la 5e séance, tous les participants au projet se sont retrouvés à la bibliothèque où on a fait un petit retour sur comment ça se passait. Une pause a eu lieu au moment où les jeunes étaient en stage et ensuite lors de leurs examens. Une dernière évaluation s’est déroulée à Pâques lors de la clôture du projet.
Je pense que Camélia a bien tiré profit de cette expérience surtout pour l’ouverture à l’adulte que cela a supposé. Les gens sont souvent étonnés de l’entendre parler car elle est très taiseuse et timide. Après les séances, elle me racontait ce que Nora avait dit, lu. Je conseille cette expérience à tous les parents. »
Notes de bas de page
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