Jacques ne sera plus là. Mais il sera encore là.

Le mot de Noëlle et de membres CGé

Jacques Liesenborghs, nous a quittés ce 18 février 2023.
Voici des mots rassemblés pour la « cérémonie de gratitude », la sienne et la nôtre, ce 23 février 2023.

Nos mots d’amis, nous les avons partagés dans l’intimité de nos rencontres, dans le secret de nos cœurs. Nous les gardons vivants.

Ici, maintenant je viens avec d’autres mots pour parler de Jacques, ceux des engagements et des luttes. Spécialement pour un enseignement plus juste, sans ségrégation, relégation, exclusion.

C’est par là que je l’ai rencontré, lui le co-fondateur d “˜un mouvement pédagogique, socio-pédagogique, CGé, Confédération générale des enseignants devenu ChanGements pour l’égalité, pour souligner ce qui nous importe.

Voilà que Jacques nous quitte la veille d’un événement important dans le mouvement : trois jours à la mer pour « Faire fortement mouvement », pour travailler avec les membres, avec les syndicats, une coalition de parents de milieux populaires, des chercheurs. Travailler dur parce que la situation sociétale rude et complexe a un grand impact sur les écoles, et les premiers à en souffrir, sont les plus pauvres, dans des écoles qui ne les reconnaissent pas. Alors travailler, autour de la mixité sociale, des pédagogies à déployer, des politiques à secouer, des alliances à construire.

Jacques nous quitte et naturellement son nom, son souvenir, se faufilent dans ces jours de travail.

Les mots que j’apporte viennent de ceux qui ont travaillé avec Jacques et qui travaillaient à la mer ces jours-ci.

Je les ai laissés tels quels dit par les uns et les autres, dans leur diversité, sans recherche
de lien ni d’ordre.

– Jacques c’était une voix. Quand je pense à lui, je l’entends, avec sa force de conviction.
– Je l’ai eu comme prof à la Haute Éole. C’est le premier prof qui m’a invitée à boire un café
Avec lui, tu sentais que tu n’étais pas qu’un étudiant, tu étais quelqu’un.
C’était le seul qui parlait des milieux populaires
– Il travaillait avec rigueur mais en même temps c’était le type qui entend les gens.
– C’était un rassembleur.
– Nous sommes plusieurs à être venus à CGé invités par lui.
– Je ne te dirai pas merci Jacques parce que c’est à cause de toi que j’ai passé des milliers d’heures ( si, si…) à essayer d’améliorer l’école sans encore y arriver.
– J’ai été impressionnée par l’audace qu’il a eue d’oser parler de sa maladie à une émission de la télé.
– Il a fait venir à CGé des gens très différents.
– C’était un terrible organisateur.
– Il était soucieux des petits. C’est lui qui a impulsé des formations pour les enseignants de maternelles, soulignant l’importance de cette période d’enfance.
– C’est lui qui a fait en sorte que CGé soit reconnu comme association d’Éducation Permanente. C’était mieux que d’être rattaché aux instances de l’enseignement.
– J’ai aimé ses coups de gueule.
– Pour tout ce qu’il a écrit entre autres à propos de l’école, il a toujours fait attention à être lisible, à écrire pour le plus grand nombre et pas pour des spécialistes.
– Ce n’était pas de la langue de bois.
– Quand je lui racontais des moments difficiles en classe ou des trouvailles de jeunes, il me disait « tu dois écrire ça » … et pour la jeune enseignante que j’étais, peu confiante, peu rassurée, c’était un arbre où m’appuyer. Je n’ai plus arrêté d’écrire pour partager des pratiques, des observations, des questionnements
– Ses textes étaient d’autant plus recevables que ce qu’il écrivait, il le faisait. Il joignait ses paroles aux actes et cela jusqu’à la fin de sa vie.
– Mes pensées vont à celui qui a su aiguillonner une réponse à mon désarroi : le désir “ le désir d’un chemin à soi, et le désir d’un chemin ensemble.

Plusieurs d’entre nous ont su que sa dernière colère concernait le sort fait aux réfugiés et nous diffusions ses écrits « verts de rage ».

Jacques ne sera plus là. Mais il sera encore là.

Noëlle et les mots de membres de CGé