En classe, dans tout ce que nous entreprenons, nous établissons un plan d’étapes importantes par lesquelles je ou nous, avec les élèves, devons passer pour atteindre le meilleur possible pour tous.
Respecter avec rigueur les différentes étapes établies pour chacune de nos entreprises me permet, nous permet d’être libres par ailleurs. Nous pouvons dériver, nous laisser aller à notre créativité, laisser venir les idées de tous horizons, les laisser voyager dans tous les sens, les manipuler, les renverser… rassurés par le fait que le cap sera maintenu.
Notre rigueur s’applique tantôt au temps, tantôt à la procédure, tantôt à l’objectif à atteindre, tantôt au cadre.
Rigueur de temps
Dans le cadre d’improvisations dans l’atelier théâtre, d’expression libre dans le cadre de notre conseil de classe, de réalisation concrète par groupe (par exemple d’une affiche) ou d’exercices minutés, le cadre « temps », l’installation d’un maitre du temps ou d’un chronomètre, instaure un climat de défi de production efficace. Mais à côté de ces moments comptés, nous vivons la classe de manière assez souple par rapport au temps : laisser du temps aux apprentissages pour s’installer dans la durée. L’équilibre entre ces moments, répartis sur la journée ou la semaine, nous permet d’une part d’être efficaces, d’autre part d’éviter le stress générateur de malêtre ou de conflit.
Rigueur de procédure et d’objectifs
Quand nous abordons une activité d’apprentissage collective (que ce soit en groupe classe ou en petits groupes), la rigueur de la procédure mise en place et acceptée par chacun permet de ne pas devoir réinstaurer à chaque fois des règles, tout en ouvrant des portes de participation active à l’activité. Les élèves savent que :
• Je rappelle le sujet de l’activité et que nous consacrerons quelques minutes à rappeler le pourquoi du choix de l’activité. Par exemple : « Dessiner avec précision des quadrilatères » parce qu’on n’avait pas vraiment réussi nos boites pour emballer le cadeau de la fête des mères.
• Chacun écrira, dessinera, schématisera… ce qu’il connait déjà à propos du sujet.
• Suivra une étape de confrontation des savoirs, d’argumentation et d’expression d’un objectif commun ou d’objectifs différenciés à atteindre durant l’activité.
Dans l’exemple choisi, du matériel est mis à la disposition des élèves en ateliers (bandes transparentes avec droites, géoplan, baguettes, compas, équerre…). Les élèves d’un premier groupe construisent des quadrilatères et les reproduisent sur feuille quadrillée, les élèves du second groupe les reproduisent sur feuille blanche, les élèves de troisième groupe trouvent différentes manières de construire un losange, d’abord à partir du matériel concret puis sur feuille blanche. Quelques élèves ne sont pas satisfaits et me demandent des défis sur feuille avec la possibilité de revenir aux ateliers concrets si nécessaire.
• Après une vingtaine de minutes de défis et de confrontations de démarches (ici : pour tracer avec précision), il y aura la dernière étape : l’expression des découvertes et l’évaluation des besoins pour aller plus loin. À ce moment de l’activité, je m’applique à faire respecter avec beaucoup de rigueur les seules expressions.
Rigueur de cadre
M’astreindre à rappeler et à faire respecter avec rigueur le cadre de la classe (voir tableau ci-dessous) et les règles de vie permet à chacun de prendre son autonomie, de se sentir respecté, de vivre sereinement ses apprentissages à son rythme au sein du groupe.
La rigueur que je mets à maintenir le cap des valeurs que j’ai choisies – faire de mes élèves des personnes libres de s’exprimer, capables d’argumenter, de choisir et d’assumer les choix réalisés – fut astreignante au début, mais au plus les années passent, au plus les traces laissées, associées au fait que, dans une classe verticale, peu de nouveaux élèves intègrent le groupe chaque année, rendent l’acte d’enseigner aisé.
Chacun étant libre de chercher, de se tromper, de trouver de l’aide, de se réaliser, le climat dans la classe est serein, calme et propice aux apprentissages.
